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LA NOUVELLE CANTINE OUVRE SES PORTES: DESSERTS A VOLONTE

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mon père ce héros
davidstr (3)


Davère-aistéire
manu (2)


contexte : L'étreinte.
manu (1)


Psychose
Maya de Luna (12)


Assumer
dibp (5)


Vendez vous... vous êtes cernés.
manu (16)


A la limite
davidstr (2)


La vie inversée de John
maniaxmemori (5)


Anti-manuel du petit terroriste.
manu (1)


Rituel expiatoire compulsif
manu (2)


Exercise à contraintes
davidstr (6)


Chroniques d'une liberté conditionnelle
manu (1)


A mort à mort
manu (8)


au fil de mes mots
davidstr (2)


Le ministère de la salubrité lubrique
manu (4)


les mots là
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The Dead Poney
dibp (2)


Lettre d'amour empreinte de lyrisme et de poésie.
manu (7)


Ecrire des choses incompréhenssibles
davidstr (8)


Dictons impopulaires (inventés ou non)
manu (1)


Et ta mère
manu (3)


le monde du travail
manu (9)


Docu animalier : La vie du DOPI
jackf (3)


HAM-G-DALAEM
(2)


Engager moi
davidstr (1)


T'as vu qui je suis
davidstr (14)


Initials
davidstr (6)


J'écrirais
davidstr (2)


Métamorphose
dibp (3)


cadavre(s) exquis (Mon Cadavre Participatif)
manu (1)


Vos gazons seront nets et propres
Pola.k (10)


PressePipole
jackf (11)


Le croqueur
davidstr (1)


Par la force des choses
davidstr (4)


Alexandrins ONLY
manu (3)


Le parloir.
manu (3)



davidstr (1)


pas très loin
davidstr (3)


Banlieue.
manu (4)


Et de droite vous êtes
davidstr (1)


Quelques mots en vrac
davidstr (3)


Maternité
Brain Damage (11)


Kiev. 1979
manu (5)


Les globules
davidstr (2)


Lorsque les stylos.
manu (3)


les ogm
davidstr (1)


Le monolithe
davidstr (5)


Poupées gigognes
davidstr (1)


Sans nom
manu (4)


Le rêve
davidstr (3)


Livre blanc contre les entraves aux spectacles amateurs
Siegfried Gautier (1)


Bouddha au frigo.
manu (2)


Carte post-hâle
manu (4)


Pas de surprise
tourbillons73 (1)


Le Bestiaire MCP
Pola.k (6)


Sans nom
jackf (11)


histoire de la philosophie en 5 minutes au café ce matin
danah (4)


la philosophie de Plotin en 5 minutes en attendant un pote
danah (3)


une tite chanson pour thierry
Pola.k (4)


A la recherche de pouyou...
aisyk (4)


OufMag : Créer .... en 10 leçons.
DomNukem (1)


Bordélique
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Spleen (5)


un jour
tbls (7)


Sans nom
manu (1)


Demain j'arrête.
manu (3)


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Sans nom
MataJanka (2)


Trop rêvé
Maya de Luna (3)


sam
bibifricotin (2)


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lonah (1)


Ces jours de peine
Maya de Luna (3)


My secret garden is already a big mess (yes indeed)
Pola.k (1)


AIDE

Dernières participations

un jour

Orgie proposée par: tbls (278)

J'aurai de l'argent, des millions, des fans, des millions, des strings sales, des millions. Mais des millions plus des millions ça reste des millions. N'empêche qu'avec tous ces millions, je serai invité par Drucker, un dimanche, je serai reconnu, connu, nu, et je répondrai à ses questions à la con.
- Alors, Thierry, qu'allez vous faire de tous ces millions ?
- Déjà, bonjour Michel
- bonjour thierry
- on se fait la bise quand même...

smack, smack

- Donc, pour les millions, j'ai plein de projet dans la tête, tout d'abord, je voudrais offrir une maison à ma mère, mais bon comme elle en a déjà une, ça va servir à rien, ensuite j'aimerais soutenir mon frêre parce qu'il a toujours rêvé d'être riche, mais bon comme il l'est déjà, ça va servir à rien.
- Du coup il te reste encore des millions Thierry
- Oui Micheline, t'as tout compris, c'est l'avantage paradoxal de mon raisonnement. Alors comme l'argent ça fait pas le bonheur, je pensais construire un disneyland en Ethiopie, et aussi une piscine découverte en Mongolie, je veux apporter du rêve là où il n'y a que misère et désolation.
- Comme le disait le penseur jack fontana : "rien ne sert de mourir, il faut courir à point"
- oui c'est un peu ça, mais je garderai un bon million pour moi aussi, j'ai toujours rêvé de racheté un bordel et d'y planter une oasis, métaphoriquement c'est très joli et ça sert à rien, ça sera ma manière à moi d'être un artiste.
- Justement, as tu la sensation d'avoir une utilité en tant qu'artiste ?
- bah déjà ça te permet de m'interviewer mon con, donc c'est une bonne chose. Ensuite, ça me permet d'extérioriser plein de choses, des souffrances de mon enfance, et en ça je révèle aux abrutis leur être intérieur qu'ils sont incapables d'entrevoir, je donne des clés, reste plus qu'à ouvrir les portes à condition de trouver la serrure.
- En effet Thierry, moi je vois, quand j'ai écouté ton dernier disque "pleure avec ton sang", ça m'a fait remonter plein de choses à la mémoire, parce que quand j'étais enfant
- On s'en fout Michel, c'est pas le sujet. Le truc c'est qu'aujourd'hui je peux rappeler tous les proprios qui ont refusé de me louer leur maison, leur racheter et leur saloper comme pas permis. Je fais des inscriptions à la peinture pour bien salire leur attitude, du genre " L'ancien propriétaire n'était qu'une conne" et après je photographie et leur envoie. Ils peuvent rien dire car c'est de l'art. Bref c'est surtout à ça que ça me sert les millions.
- Dans une chanson dans ton dernier album tu dis : "l'amertume d'être blanc ne vaut l'amer thune que je vends", c'est un double sens ?
- Non simplement aujourd'hui ...

to be continued
Participations suspendues Réactions (2): VOIR/REAGIR

- | RANG 2 | -

Participation de tbls (279)

J'aurai de l'argent, des millions, des fans, des millions, des strings sales, des millions. Mais des millions plus des millions ça reste des millions. N'empêche qu'avec tous ces millions, je serai invité par Drucker, un dimanche, je serai reconnu, connu, nu, et je répondrai à ses questions à la con.
- Alors, Thierry, qu'allez vous faire de tous ces millions ?
- Déjà, bonjour Michel
- bonjour thierry
- on se fait la bise quand même...

smack, smack

- Donc, pour les millions, j'ai plein de projet dans la tête, tout d'abord, je voudrais offrir une maison à ma mère, mais bon comme elle en a déjà une, ça va servir à rien, ensuite j'aimerais soutenir mon frêre parce qu'il a toujours rêvé d'être riche, mais bon comme il l'est déjà, ça va servir à rien.
- Du coup il te reste encore des millions Thierry
- Oui Micheline, t'as tout compris, c'est l'avantage paradoxal de mon raisonnement. Alors comme l'argent ça fait pas le bonheur, je pensais construire un disneyland en Ethiopie, et aussi une piscine découverte en Mongolie, je veux apporter du rêve là où il n'y a que misère et désolation.
- Comme le disait le penseur jack fontana : "rien ne sert de mourir, il faut courir à point"
- oui c'est un peu ça, mais je garderai un bon million pour moi aussi, j'ai toujours rêvé de racheter un bordel et d'y planter une oasis, métaphoriquement c'est très joli et ça sert à rien, ça sera ma manière à moi d'être un artiste.
- Justement, as tu la sensation d'avoir une utilité en tant qu'artiste ?
- bah déjà ça te permet de m'interviewer mon con, donc c'est une bonne chose. Ensuite, ça me permet d'extérioriser plein de choses, des souffrances de mon enfance, et en ça je révèle aux abrutis leur être intérieur qu'ils sont incapables d'entrevoir, je donne des clés, reste plus qu'à ouvrir les portes à condition de trouver la serrure.
- En effet Thierry, moi je vois, quand j'ai écouté ton dernier disque "pleure avec ton sang", ça m'a fait remonter plein de choses à la mémoire, parce que quand j'étais enfant
- On s'en fout Michel, c'est pas le sujet. Le truc c'est qu'aujourd'hui je peux rappeler tous les proprios qui ont refusé de me louer leur maison, leur racheter et leur saloper comme pas permis. Je fais des inscriptions à la peinture pour bien salire leur attitude, du genre " L'ancien propriétaire n'était qu'une conne" et après je photographie et leur envoie. Ils peuvent rien dire car c'est de l'art. Bref c'est surtout à ça que ça me sert les millions.
- Dans une chanson dans ton dernier album tu dis : "l'amertume d'être blanc ne vaut l'amer thune que je vends", c'est un double sens ?
- Oui complètement, j'ai longtemps observé et j'ai constaté qu'il était très tendance de se revendiquer d'une autre couleur, ça donne un côté un peu sauvage rebelle et ça permet de se démarquer de notre passé esclavagiste. Il n'en demeure pas moins qu'on serait bien incapable de changer notre condition pour une couleur de peau, cela met en relief cette absurdité purement promotionnelle.

- Euh…

- Je sens que t'es perdu michoux, attends je vais te faire un résumé, c'est ...

 

un ange passe

 

- navrant …voila ! C'est plus clair maintenant ?

- Oui tout à fait, c'est ça qui me plaît chez toi Thierry, cette faculté à mettre à la portée de chacun l'aboutissement d'une réflexion aboutie sans emboutir les abrutis.

- Je sens que tu te perds Michel

- Bref, je voulais dire que je te trouve vraiment formidable

- MAIS MERDE ! Tu vas arrêter de me caresser dans le sens du poil, je t'ai déjà dit que j'étais imberbe. On va arrêter là avant que je t'insulte.

- N'oublie pas Thierry que tu dois nous faire une petite chanson avant de nous quitter.

- Mouais mais là j'ai pas trop envie tu vois.

- Tu vas bien nous faire "la mort aux bourses" quand même…

- Nan, je te dis Michel pas envie, t'auras qu'à faire un fondu au montage sur un clip, les gens n'y verront que du feu, tu leurs demandes de gueuler sur le plateau et ça donnera un effet live.

- Comme tu veux Thierry, c'est toi qui décides.

- Allez tchao Michel, on se voit mardi pour l'enterrement de Jacques, on se mettra une petite mine en sa mémoire.

Smack, smack

Voila, c'est comme ça qu'elle sera ma vie bientôt, j'aurai un chauffeur qui m'attendra devant, un chappy flambant neuf sur lequel j'emmènerai quelques privilégiées que je débarquerai dans des hôtels sordides. Un cale-piedier qui s'occupera que tout soit toujours en état de marche, un luxueux appartement avec quelques jeunes filles au père chargées de s'occuper de moi. Je vivrai dans l'opulence, les contrats foirés, le mépris, je me découvrirai une passion pour Nietzsche sans rien y comprendre. Je n'écouterai plus de musique exceptée la mienne. Ah ça c'est déjà le cas, remarquez. Mais pour l'instant l'opulence se cache, excepté pour le loyer ou elle s'étale de tout son long dans le petit cadre en haut à droite de mes chèques. Là elle éprouve un malin plaisir à me donner un aperçu d'une opulence de zéro.Il faudrait que je vous raconte le déclic qui me donne tant d'espoir. Mais bon je suis pas sûr que ça vous intéresse énormément.

SI ! (dixit sam)

Mouaih, y a bien que toi pour me supporter mon pouyou à moi.

Je vois vos yeux ébahis, oui LE sam n'est en fait qu'un fox terrier pur race que mes parents m'ont offert pour mes vingt ans, juste une imposture que je me suis permise afin d'avoir une identité rebelle dans la musique. Vous vous souvenez du coup de com' sur la loi DAVDSI ? Une idée géniale, sortir mon personnage de rocker fm usagé à des fins de revendication contre un gouvernement de droite ? pointu dans la réalisation, vous commencez à saisir, c'est cousu de fil blanc… Sauf que je me suis manqué, j'aurais dû coudre de fil noir, un sam sénégalais ça aurait été 10 fois plus puissant, je me suis loupé sur ce coup là, je suis pas parfait (c'est pour ça aussi que je peux encore vous parler en vous autorisant des hochements de tête).

Pourquoi le coup d'un sénégalais ? Parce que j'ai eu une révélation… Il y a une semaine j'ai vu un mini reportage de 2 minutes sur un chanteur dénommé Patrice. Bah, le gars il cumule, il est noir, allemand, ultra spirituel, habillé comme une serpillière et il s'est révélé à lui-même grâce à la guitare (enfant turbulent, hyperactif, torturé, mal dans sa peau, bref le petit con).

Ca c'est le portrait qu'on te brosse, après tu vois quoi dans le plan suivant ? Un tocard sur lit de chambre d'hôtel avec une voix fluette et un jeu de guitare des plus déplorables, qui chante faux bien évidemment… Bref une ombre de désespoir de la musique, un relent de Tryo usagé avec des dreadlocks pour faire tomber les gamines à la sortie des collèges. Il aurait eu une 205 tunée ça aurait été le jackpot.

Note pour moi-même : rajouter des rastas à sam et monter un mythe sur une 205 verte pomme avec jantes chromées, aileron et rabaissée.

 

C'est ça qui m'a manqué pour sam, ce petit côté spirituel qui respecte à la lettre Sartre, il aurait fallu de pas grand-chose, un petit "je demande aux députés d'ouvrir leurs âmes et de transcender leur perception de la musique", un truc dans ce goût, là c'est pas parfait d'accord, mais faire vivre sam c'est du travail.

Bref je m'égare, sam a donc aboyé pour que je vous raconte le déclic.

 

Genèse:tbls(278) ->tbls(279)
le commentaire de maya m'a donné envie de continuer.
Participations suspendues Réactions (5): VOIR/REAGIR

- | RANG 3 | -

Participation de tbls (280)

J'aurai de l'argent, des millions, des fans, des millions, des strings sales, des millions. Mais des millions plus des millions ça reste des millions. N'empêche qu'avec tous ces millions, je serai invité par Drucker, un dimanche, je serai reconnu, connu, nu, et je répondrai à ses questions à la con.
- Alors, Thierry, qu'allez vous faire de tous ces millions ?
- Déjà, bonjour Michel
- bonjour thierry
- on se fait la bise quand même...

smack, smack

- Donc, pour les millions, j'ai plein de projet dans la tête, tout d'abord, je voudrais offrir une maison à ma mère, mais bon comme elle en a déjà une, ça va servir à rien, ensuite j'aimerais soutenir mon frêre parce qu'il a toujours rêvé d'être riche, mais bon comme il l'est déjà, ça va servir à rien.
- Du coup il te reste encore des millions Thierry
- Oui Micheline, t'as tout compris, c'est l'avantage paradoxal de mon raisonnement. Alors comme l'argent ça fait pas le bonheur, je pensais construire un disneyland en Ethiopie, et aussi une piscine découverte en Mongolie, je veux apporter du rêve là où il n'y a que misère et désolation.
- Comme le disait le penseur jack fontana : "rien ne sert de mourir, il faut courir à point"
- oui c'est un peu ça, mais je garderai un bon million pour moi aussi, j'ai toujours rêvé de racheter un bordel et d'y planter une oasis, métaphoriquement c'est très joli et ça sert à rien, ça sera ma manière à moi d'être un artiste.
- Justement, as tu la sensation d'avoir une utilité en tant qu'artiste ?
- bah déjà ça te permet de m'interviewer mon con, donc c'est une bonne chose. Ensuite, ça me permet d'extérioriser plein de choses, des souffrances de mon enfance, et en ça je révèle aux abrutis leur être intérieur qu'ils sont incapables d'entrevoir, je donne des clés, reste plus qu'à ouvrir les portes à condition de trouver la serrure.
- En effet Thierry, moi je vois, quand j'ai écouté ton dernier disque "pleure avec ton sang", ça m'a fait remonter plein de choses à la mémoire, parce que quand j'étais enfant
- On s'en fout Michel, c'est pas le sujet. Le truc c'est qu'aujourd'hui je peux rappeler tous les proprios qui ont refusé de me louer leur maison, leur racheter et leur saloper comme pas permis. Je fais des inscriptions à la peinture pour bien salire leur attitude, du genre " L'ancien propriétaire n'était qu'une conne" et après je photographie et leur envoie. Ils peuvent rien dire car c'est de l'art. Bref c'est surtout à ça que ça me sert les millions.
- Dans une chanson dans ton dernier album tu dis : "l'amertume d'être blanc ne vaut l'amer thune que je vends", c'est un double sens ?
- Oui complètement, j'ai longtemps observé et j'ai constaté qu'il était très tendance de se revendiquer d'une autre couleur, ça donne un côté un peu sauvage rebelle et ça permet de se démarquer de notre passé esclavagiste. Il n'en demeure pas moins qu'on serait bien incapable de changer notre condition pour une couleur de peau, cela met en relief cette absurdité purement promotionnelle.

- Euh…

- Je sens que t'es perdu michoux, attends je vais te faire un résumé, c'est ...

 

un ange passe

 

- navrant …voila ! C'est plus clair maintenant ?

- Oui tout à fait, c'est ça qui me plaît chez toi Thierry, cette faculté à mettre à la portée de chacun l'aboutissement d'une réflexion aboutie sans emboutir les abrutis.

- Je sens que tu te perds Michel

- Bref, je voulais dire que je te trouve vraiment formidable

- MAIS MERDE ! Tu vas arrêter de me caresser dans le sens du poil, je t'ai déjà dit que j'étais imberbe. On va arrêter là avant que je t'insulte.

- N'oublie pas Thierry que tu dois nous faire une petite chanson avant de nous quitter.

- Mouais mais là j'ai pas trop envie tu vois.

- Tu vas bien nous faire "la mort aux bourses" quand même…

- Nan, je te dis Michel pas envie, t'auras qu'à faire un fondu au montage sur un clip, les gens n'y verront que du feu, tu leurs demandes de gueuler sur le plateau et ça donnera un effet live.

- Comme tu veux Thierry, c'est toi qui décides.

- Allez tchao Michel, on se voit mardi pour l'enterrement de Jacques, on se mettra une petite mine en sa mémoire.

Smack, smack

Voila, c'est comme ça qu'elle sera ma vie bientôt, j'aurai un chauffeur qui m'attendra devant, un chappy flambant neuf sur lequel j'emmènerai quelques privilégiées que je débarquerai dans des hôtels sordides. Un cale-piedier qui s'occupera que tout soit toujours en état de marche, un luxueux appartement avec quelques jeunes filles au père chargées de s'occuper de moi. Je vivrai dans l'opulence, les contrats foirés, le mépris, je me découvrirai une passion pour Nietzsche sans rien y comprendre. Je n'écouterai plus de musique exceptée la mienne. Ah ça c'est déjà le cas, remarquez. Mais pour l'instant l'opulence se cache, excepté pour le loyer ou elle s'étale de tout son long dans le petit cadre en haut à droite de mes chèques. Là elle éprouve un malin plaisir à me donner un aperçu d'une opulence de zéro.Il faudrait que je vous raconte le déclic qui me donne tant d'espoir. Mais bon je suis pas sûr que ça vous intéresse énormément.

SI ! (dixit sam)

Mouaih, y a bien que toi pour me supporter mon pouyou à moi.

Je vois vos yeux ébahis, oui LE sam n'est en fait qu'un fox terrier pur race que mes parents m'ont offert pour mes vingt ans, juste une imposture que je me suis permise afin d'avoir une identité rebelle dans la musique. Vous vous souvenez du coup de com' sur la loi DAVDSI ? Une idée géniale, sortir mon personnage de rocker fm usagé à des fins de revendication contre un gouvernement de droite ? pointu dans la réalisation, vous commencez à saisir, c'est cousu de fil blanc… Sauf que je me suis manqué, j'aurais dû coudre de fil noir, un sam sénégalais ça aurait été 10 fois plus puissant, je me suis loupé sur ce coup là, je suis pas parfait (c'est pour ça aussi que je peux encore vous parler en vous autorisant des hochements de tête).

Pourquoi le coup d'un sénégalais ? Parce que j'ai eu une révélation… Il y a une semaine j'ai vu un mini reportage de 2 minutes sur un chanteur dénommé Patrice. Bah, le gars il cumule, il est noir, allemand, ultra spirituel, habillé comme une serpillière et il s'est révélé à lui-même grâce à la guitare (enfant turbulent, hyperactif, torturé, mal dans sa peau, bref le petit con).

Ca c'est le portrait qu'on te brosse, après tu vois quoi dans le plan suivant ? Un tocard sur lit de chambre d'hôtel avec une voix fluette et un jeu de guitare des plus déplorables, qui chante faux bien évidemment… Bref une ombre de désespoir de la musique, un relent de Tryo usagé avec des dreadlocks pour faire tomber les gamines à la sortie des collèges. Il aurait eu une 205 tunée ça aurait été le jackpot.

Note pour moi-même : rajouter des rastas à sam et monter un mythe sur une 205 verte pomme avec jantes chromées, aileron et rabaissée.

 C'est ça qui m'a manqué pour sam, ce petit côté spirituel qui respecte à la lettre Sartre, il aurait fallu pas grand-chose, un petit "je demande aux députés d'ouvrir leurs âmes et de transcender leur perception de la musique", un truc dans ce goût, là c'est pas parfait d'accord, mais faire vivre sam c'est du travail.

 

Bref je m'égare, sam a donc aboyé pour que je vous raconte le déclic.

 

C'était une froide nuit de décembre, je m'ennuyais gravement à ne rien faire. J'aime ne rien faire, rien, juste vautré dans un canapé, l'esprit qui gambade ailleurs, sur des versants noirs et enfumés d'un volcan que je rêve de gravir. Il y a des éboulis, de la suie, des méandres gravés dans la pente, je monte, j'en chie et en haut avant de me jeter dans le puit de lave, je scrute l'horizon et je pleure, enfin je pleure, je pisse avec mes yeux quoi. Pas besoin d'être triste pour pleurer, suffit d'avoir envie de se vider. Je vaguais donc dans mes pensées stériles et lourdes d'un péril imminent quand le paquet de cigarettes se trouva désespérément vide au milieu de la pièce, rien à faire, il n'y avait plus rien à tirer de là. Je pris ma petite doudoune en peau de brebis, tricotée par grand-mère et en profitait pour sortir sam.

 

Le quartier n'est pas bien grand, les gens se connaissent, ils sont pour la plupart fixés dans le coin depuis quelques temps, les gens se croisent, s'échangent quelques politesses, quelques ragots et la vie de quartier suit son cours. Il y a la fête du voisinage, on peut y rencontrer d'autres gens qu'on ne croise jamais, ils sont ouverts, accueillants, ils ont toujours une petite bouteille de rouge qui ne demande qu'à être partagée. Des gens ouverts, des gens qui me mettent mal à l'aise en somme. Y a rien de pire qu'un mec sympa au premier abord, j'aime pas ça, parce qu'il sera tout aussi ouvert avec le gros con et ça me fout les boules de penser que c'est peut-être moi le gros con.

Une boulangerie, un tabac, un bistrot, une supérette hors de prix et un clodo, si vous avez ces 4 éléments vous pouvez proclamer haut et fort que vous avez un quartier. Si vous n'avez pas la boulangerie, vous habitez une cité, si vous n'avez pas le clodo, vous habitez une zone pavillonnaire, si vous n'avez pas de tabac, vous habitez aux Etats-Unis et si vous n'avez pas bistrot, je peux vraiment rien pour vous.

J'achetais donc ma substantifique mort lente et laissait sam vagabonder sur le trottoir en quête d'un palier à sa guise. Une ombre sur le trottoir en face m'est alors familière, l'obscure lumière du lampadaire ne dessine pas plus qu'une silhouette, mais celle-ci m'attire l'œil, la crinière blonde et folle m'attire vers mon enfance, sans comprendre pourquoi.

Et puis cet homme a le profil d'une star qui se cache, je ne sais pas pourquoi mais certaines personnes porte le statut de star sans rien faire, une démarche, des épaules hautes, un profil bas, un sourire sûr de lui, qui peut sombrer dans la frayeur l'instant qui suit parce qu'il croise le regard d'un autre, un autre que lui, j'en croise parfois de cette race là, je les méprise, je les fixe dans les yeux, soulève mes babines prêt à mordre et les force à regarder leurs pieds. C'est une petite victoire à chaque fois, à défaut d'être une star, je fais plier les physiques qui s'en approchent. Mais ce coup-ci c'est différent, je sens que c'est une vraie star, qui l'a voulu, sans prédispositions naturelles. Je traverse la rue, cross la street, marche d'un pas rapide afin d'être à sa hauteur et l'interpelle. Je lui dis qu'il me rappelle vaguement quelqu'un et celui-ci me balance direct son nom comme une évidence. Je lui propose d'aller prendre un verre pour discuter, je sens que c'est LA rencontre qui va changer ma vie, il décline l'invitation, il est pressé, mais il me balance cette phrase remplie d'un espoir envahissant pour moi :

"Au plaisir".

 
Le plaisir n'est-il pas une chose que chaque être souhaite renouveler ? Pour sûr que si, et lorsque cette phrase sort tout droit de la bouche de Jean Pierre François ça vous emplit d'allégresse pour toute une vie.

Voila le déclic, un petit coup de pouce du destin qui me fait dire que c'est pour presque demain les millions, autant donc les envisager. J'en suis là de mes pensées quand l'alarme se met à sonner, c'est bientôt l'heure de se poster dans cette rue, prêt du tabac, mon lecteur mp3 fourré dans la poche, l'enregistrement bien posé, prêt à foudroyer le premier producteur qui tombera dessus. J'y ai mis toute mon âme. Afin de pouvoir balayer dans le même champ chéri-fm et nrj, je finis mon dernier couplet sur un "que les peuples se donnent la main en criant je t'aime les autres".

La même doudoune, sam toujours là, la même rue, le lampadaire toujours là, je sens que ce soir je vais le recroiser. Mais c'est une voix féminine qui m'interpelle dans le dos :

- Z'auriez pas du feu please ?

 

Genèse:tbls(278) ->tbls(279) ->tbls(280)
vla, une suite.
Participations suspendues Réactions (1): VOIR/REAGIR

- | RANG 4 | -

Participation de Pola.k (283)

J'aurai de l'argent, des millions, des fans, des millions, des strings sales, des millions.
Mais des millions plus des millions ça reste des millions. N'empêche qu'avec tous ces millions, je serai invité par Drucker, un dimanche, je serai reconnu, connu, nu, et je répondrai à ses questions à la con.
- Alors, Thierry, qu'allez vous faire de tous ces millions ?
- Déjà, bonjour Michel
- bonjour thierry
- on se fait la bise quand même...

smack, smack


- Donc, pour les millions, j'ai plein de projet dans la tête, tout d'abord, je voudrais offrir une maison à ma mère, mais bon comme elle en a déjà une, ça va servir à rien, ensuite j'aimerais soutenir mon frêre parce qu'il a toujours rêvé d'être riche, mais bon comme il l'est déjà, ça va servir à rien.
- Du coup il te reste encore des millions Thierry
- Oui Micheline, t'as tout compris, c'est l'avantage paradoxal de mon raisonnement. Alors comme l'argent ça fait pas le bonheur, je pensais construire un disneyland en Ethiopie, et aussi une piscine découverte en Mongolie, je veux apporter du rêve là où il n'y a que misère et désolation.
- Comme le disait le penseur jack fontana : "rien ne sert de mourir, il faut courir à point"
- oui c'est un peu ça, mais je garderai un bon million pour moi aussi, j'ai toujours rêvé de racheter un bordel et d'y planter une oasis, métaphoriquement c'est très joli et ça sert à rien, ça sera ma manière à moi d'être un artiste.
- Justement, as tu la sensation d'avoir une utilité en tant qu'artiste ?
- bah déjà ça te permet de m'interviewer mon con, donc c'est une bonne chose. Ensuite, ça me permet d'extérioriser plein de choses, des souffrances de mon enfance, et en ça je révèle aux abrutis leur être intérieur qu'ils sont incapables d'entrevoir, je donne des clés, reste plus qu'à ouvrir les portes à condition de trouver la serrure.
- En effet Thierry, moi je vois, quand j'ai écouté ton dernier disque "pleure avec ton sang", ça m'a fait remonter plein de choses à la mémoire, parce que quand j'étais enfant
- On s'en fout Michel, c'est pas le sujet. Le truc c'est qu'aujourd'hui je peux rappeler tous les proprios qui ont refusé de me louer leur maison, leur racheter et leur saloper comme pas permis. Je fais des inscriptions à la peinture pour bien salire leur attitude, du genre " L'ancien propriétaire n'était qu'une conne" et après je photographie et leur envoie. Ils peuvent rien dire car c'est de l'art. Bref c'est surtout à ça que ça me sert les millions.
- Dans une chanson dans ton dernier album tu dis : "l'amertume d'être blanc ne vaut l'amer thune que je vends", c'est un double sens ?
- Oui complètement, j'ai longtemps observé et j'ai constaté qu'il était très tendance de se revendiquer d'une autre couleur, ça donne un côté un peu sauvage rebelle et ça permet de se démarquer de notre passé esclavagiste. Il n'en demeure pas moins qu'on serait bien incapable de changer notre condition pour une couleur de peau, cela met en relief cette absurdité purement promotionnelle.

- Euh…

- Je sens que t'es perdu michoux, attends je vais te faire un résumé, c'est ...  


un ange passe  


- navrant …voila ! C'est plus clair maintenant ?
- Oui tout à fait, c'est ça qui me plaît chez toi Thierry, cette faculté à mettre à la portée de chacun l'aboutissement d'une réflexion aboutie sans emboutir les abrutis.
- Je sens que tu te perds Michel
- Bref, je voulais dire que je te trouve vraiment formidable - MAIS MERDE ! Tu vas arrêter de me caresser dans le sens du poil, je t'ai déjà dit que j'étais imberbe. On va arrêter là avant que je t'insulte.
- N'oublie pas Thierry que tu dois nous faire une petite chanson avant de nous quitter.
- Mouais mais là j'ai pas trop envie tu vois.
- Tu vas bien nous faire "la mort aux bourses" quand même…
- Nan, je te dis Michel pas envie, t'auras qu'à faire un fondu au montage sur un clip, les gens n'y verront que du feu, tu leurs demandes de gueuler sur le plateau et ça donnera un effet live.
- Comme tu veux Thierry, c'est toi qui décides.
- Allez tchao Michel, on se voit mardi pour l'enterrement de Jacques, on se mettra une petite mine en sa mémoire.
Smack, smack

Voila, c'est comme ça qu'elle sera ma vie bientôt, j'aurai un chauffeur qui m'attendra devant, un chappy flambant neuf sur lequel j'emmènerai quelques privilégiées que je débarquerai dans des hôtels sordides. Un cale-piedier qui s'occupera que tout soit toujours en état de marche, un luxueux appartement avec quelques jeunes filles au père chargées de s'occuper de moi. Je vivrai dans l'opulence, les contrats foirés, le mépris, je me découvrirai une passion pour Nietzsche sans rien y comprendre. Je n'écouterai plus de musique exceptée la mienne. Ah ça c'est déjà le cas, remarquez. Mais pour l'instant l'opulence se cache, excepté pour le loyer ou elle s'étale de tout son long dans le petit cadre en haut à droite de mes chèques. Là elle éprouve un malin plaisir à me donner un aperçu d'une opulence de zéro.Il faudrait que je vous raconte le déclic qui me donne tant d'espoir. Mais bon je suis pas sûr que ça vous intéresse énormément.

SI ! (dixit sam)

Mouaih, y a bien que toi pour me supporter mon pouyou à moi.

Je vois vos yeux ébahis, oui LE sam n'est en fait qu'un fox terrier pur race que mes parents m'ont offert pour mes vingt ans, juste une imposture que je me suis permise afin d'avoir une identité rebelle dans la musique.
Vous vous souvenez du coup de com' sur la loi DAVDSI ? Une idée géniale, sortir mon personnage de rocker fm usagé à des fins de revendication contre un gouvernement de droite ? pointu dans la réalisation, vous commencez à saisir, c'est cousu de fil blanc…
Sauf que je me suis manqué, j'aurais dû coudre de fil noir, un sam sénégalais ça aurait été 10 fois plus puissant, je me suis loupé sur ce coup là, je suis pas parfait (c'est pour ça aussi que je peux encore vous parler en vous autorisant des hochements de tête).

Pourquoi le coup d'un sénégalais ? Parce que j'ai eu une révélation… Il y a une semaine j'ai vu un mini reportage de 2 minutes sur un chanteur dénommé Patrice. Bah, le gars il cumule, il est noir, allemand, ultra spirituel, habillé comme une serpillière et il s'est révélé à lui-même grâce à la guitare (enfant turbulent, hyperactif, torturé, mal dans sa peau, bref le petit con).
Ca c'est le portrait qu'on te brosse, après tu vois quoi dans le plan suivant ? Un tocard sur lit de chambre d'hôtel avec une voix fluette et un jeu de guitare des plus déplorables, qui chante faux bien évidemment…
Bref une ombre de désespoir de la musique, un relent de Tryo usagé avec des dreadlocks pour faire tomber les gamines à la sortie des collèges. Il aurait eu une 205 tunée ça aurait été le jackpot.

Note pour moi-même : rajouter des rastas à sam et monter un mythe sur une 205 verte pomme avec jantes chromées, aileron et rabaissée.  

C'est ça qui m'a manqué pour sam, ce petit côté spirituel qui respecte à la lettre Sartre, il aurait fallu pas grand-chose, un petit "je demande aux députés d'ouvrir leurs âmes et de transcender leur perception de la musique", un truc dans ce goût, là c'est pas parfait d'accord, mais faire vivre sam c'est du travail.  

Bref je m'égare, sam a donc aboyé pour que je vous raconte le déclic.

  C'était une froide nuit de décembre, je m'ennuyais gravement à ne rien faire. J'aime ne rien faire, rien, juste vautré dans un canapé, l'esprit qui gambade ailleurs, sur des versants noirs et enfumés d'un volcan que je rêve de gravir. Il y a des éboulis, de la suie, des méandres gravés dans la pente, je monte, j'en chie et en haut avant de me jeter dans le puit de lave, je scrute l'horizon et je pleure, enfin je pleure, je pisse avec mes yeux quoi.
Pas besoin d'être triste pour pleurer, suffit d'avoir envie de se vider. Je vaguais donc dans mes pensées stériles et lourdes d'un péril imminent quand le paquet de cigarettes se trouva désespérément vide au milieu de la pièce, rien à faire, il n'y avait plus rien à tirer de là. Je pris ma petite doudoune en peau de brebis, tricotée par grand-mère et en profitait pour sortir sam.  

Le quartier n'est pas bien grand, les gens se connaissent, ils sont pour la plupart fixés dans le coin depuis quelques temps, les gens se croisent, s'échangent quelques politesses, quelques ragots et la vie de quartier suit son cours. Il y a la fête du voisinage, on peut y rencontrer d'autres gens qu'on ne croise jamais, ils sont ouverts, accueillants, ils ont toujours une petite bouteille de rouge qui ne demande qu'à être partagée. Des gens ouverts, des gens qui me mettent mal à l'aise en somme.
Y a rien de pire qu'un mec sympa au premier abord, j'aime pas ça, parce qu'il sera tout aussi ouvert avec le gros con et ça me fout les boules de penser que c'est peut-être moi le gros con.

Une boulangerie, un tabac, un bistrot, une supérette hors de prix et un clodo, si vous avez ces 4 éléments vous pouvez proclamer haut et fort que vous avez un quartier. Si vous n'avez pas la boulangerie, vous habitez une cité, si vous n'avez pas le clodo, vous habitez une zone pavillonnaire, si vous n'avez pas de tabac, vous habitez aux Etats-Unis et si vous n'avez pas bistrot, je peux vraiment rien pour vous.
J'achetais donc ma substantifique mort lente et laissait sam vagabonder sur le trottoir en quête d'un palier à sa guise.
Une ombre sur le trottoir en face m'est alors familière, l'obscure lumière du lampadaire ne dessine pas plus qu'une silhouette, mais celle-ci m'attire l'œil, la crinière blonde et folle m'attire vers mon enfance, sans comprendre pourquoi.
Et puis cet homme a le profil d'une star qui se cache, je ne sais pas pourquoi mais certaines personnes porte le statut de star sans rien faire, une démarche, des épaules hautes, un profil bas, un sourire sûr de lui, qui peut sombrer dans la frayeur l'instant qui suit parce qu'il croise le regard d'un autre, un autre que lui, j'en croise parfois de cette race là, je les méprise, je les fixe dans les yeux, soulève mes babines prêt à mordre et les force à regarder leurs pieds.
C'est une petite victoire à chaque fois, à défaut d'être une star, je fais plier les physiques qui s'en approchent. Mais ce coup-ci c'est différent, je sens que c'est une vraie star, qui l'a voulu, sans prédispositions naturelles.

Je traverse la rue, cross la street, marche d'un pas rapide afin d'être à sa hauteur et l'interpelle. Je lui dis qu'il me rappelle vaguement quelqu'un et celui-ci me balance direct son nom comme une évidence. Je lui propose d'aller prendre un verre pour discuter, je sens que c'est LA rencontre qui va changer ma vie, il décline l'invitation, il est pressé, mais il me balance cette phrase remplie d'un espoir envahissant pour moi :
"Au plaisir".

 Le plaisir n'est-il pas une chose que chaque être souhaite renouveler ? Pour sûr que si, et lorsque cette phrase sort tout droit de la bouche de Jean Pierre François ça vous emplit d'allégresse pour toute une vie.
Voila le déclic, un petit coup de pouce du destin qui me fait dire que c'est pour presque demain les millions, autant donc les envisager.

J'en suis là de mes pensées quand l'alarme se met à sonner, c'est bientôt l'heure de se poster dans cette rue, prêt du tabac, mon lecteur mp3 fourré dans la poche, l'enregistrement bien posé, prêt à foudroyer le premier producteur qui tombera dessus. J'y ai mis toute mon âme. Afin de pouvoir balayer dans le même champ chéri-fm et nrj, je finis mon dernier couplet sur un "que les peuples se donnent la main en criant je t'aime les autres".

La même doudoune, sam toujours là, la même rue, le lampadaire toujours là, je sens que ce soir je vais le recroiser. Mais c'est une voix féminine qui m'interpelle dans le dos : 
-       Z'auriez pas du feu please ? 

Bizarrement, je ne suis même pas déçu par l’absence de Jean-Pierre dans cette amorce de contact crépusculaire. D’abord parce j’ai tendance à me souvenir qu’une voix, quand elle est féminine, c’est comme un début de string, ensuite parce que, finalement, si le J-P F m’intéresse surtout en tant que chemin probable vers la gloire, la gloire m’intéresse surtout en tant que chemin assuré vers des strings sales perpétuellement disponibles.
Et donc, dégainant mon plus beau bic dans un gracieux giratoire à peine calculé, je prends la promesse de raccourci, flamme alerte.

- ooh, un briquet… non merci, je préfère les allumettes, lâche la voix dans une flaque de dédain déçu.

Bordel de merde… allumettes… je fouille mes poches tout en essayant de me mettre un œil dérivant en mode nyctalope, histoire de vérifier dans la pénombre urbaine si le contenu du string vaut le coup qu’on fasse les fonds de tiroir. Raté, et re-raté : le dos dans un halo de lune, la voix a une silhouette aussi noire que le bout de la seule alumette cramée que je trouve au fond de mon jean. Tant pis, ce sera le briquet ou rien…


« Bah, j’ai que ça » dit-il en me montrant à nouveau son cricket hors d’âge. Son clebs ridicule me regarde d’un drôle d’air. C’est quoi cette nouvelle mode de rajouter des rastas aux chiens maintenant ?
Allez, ça ira, ça ira, donne toujours. Il allume, je me penche vers lui, clope au bec, une mèche de cheveux glisse et, pfiiiiouuu, je me taille une nouvelle coupe au chalumeau. Dans la  demi-nuit, ça fait comme un feu de bengale, vite éteint d’une pichenette de la main.  Tout de même, c’est impressionnant. Ooh merde, pardon, pas fait exprès, s’excuse-t-il, et il se met à me frapper la tête d’un air désolé, comme si l’incendie menaçait encore.Bon, ça va, arrête… c’est pas grave… mais arrête !

C’est vrai, quoi, c’est pas la mort, une mèche cramée. Ça m’évitera un Dessange. Et puis, ça tombe bien, je me sens pyromane, ce soir. 
Genèse:tbls(278) ->tbls(279) ->tbls(280) ->Pola.k(283)
Participations suspendues Réactions (3): VOIR/REAGIR

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Participation de Pola.k (284)

Un jour.



J'aurai de l'argent, des millions, des fans, des millions, des strings sales, des millions. Mais des millions plus des millions, ça reste des millions.

N'empêche qu'avec tous ces millions, je serai invité par Drucker, un dimanche, je serai reconnu, connu, nu, et je répondrai à ses questions à la con.



« - Alors, Thierry, qu'allez vous faire de tous ces millions ?

  • déjà, bonjour Michel

  • bonjour Thierry

  • on se fait la bise quand même... »



smack, smack



«  - Donc, pour les millions, j'ai plein de projet dans la tête, tout d'abord, je voudrais offrir une maison à ma mère, mais bon comme elle en a déjà une, ça va servir à rien, ensuite j'aimerais soutenir mon frêre parce qu'il a toujours rêvé d'être riche, mais bon comme il l'est déjà, ça va servir à rien

  • Du coup il te reste encore des millions Thierry …

  • Oui Micheline, t'as tout compris, c'est l'avantage paradoxal de mon raisonnement. Alors comme l'argent, ça fait pas le bonheur, je pensais construire un Disneyland™ en Ethiopie, et aussi une piscine découverte en Mongolie. Je veux apporter du rêve là où il n'y a que misère et désolation.

  • Comme le disait le penseur Jack Fontana, « rien ne sert de mourir, il faut courir à point»…

  • Oui c'est un peu ça, mais je garderai un bon million pour moi aussi, j'ai toujours rêvé de racheter un bordel et d'y planter une oasis, métaphoriquement c'est très joli et ça sert à rien, ça sera ma manière à moi d'être un artiste.

  • Justement, as-tu la sensation d'avoir une utilité en tant qu'artiste ?

  • Bah déjà ça te permet de m'interviewer mon con, donc c'est une bonne chose. Ensuite, ça me permet d'extérioriser plein de choses, des souffrances de mon enfance, et en ça, je révèle aux abrutis leur être intérieur qu'ils sont incapables d'entrevoir, je donne des clés, reste plus qu'à ouvrir les portes… à condition de trouver la serrure.

  • En effet Thierry, moi je vois, quand j'ai écouté ton dernier disque "pleure avec ton sang", ça m'a fait remonter plein de choses à la mémoire, parce que quand j'étais enfant…

  • On s'en fout Michel, c'est pas le sujet. Le truc c'est qu'aujourd'hui je peux rappeler tous les proprios qui ont refusé de me louer leur maison, leur racheter et leur saloper comme pas permis. Je fais des inscriptions à la peinture pour bien salir leur attitude, du genre "L'ancien propriétaire n'était qu'une conne" et après je photographie et leur envoie. Ils peuvent rien dire car c'est de l'art. Bref c'est surtout à ça que ça me sert les millions.

  • Dans une chanson dans ton dernier album tu dis : "l'amertume d'être blanc ne vaut l'amer thune que je vends", c'est un double sens ?

  • Oui complètement, j'ai longtemps observé et j'ai constaté qu'il était très tendance de se revendiquer d'une autre couleur, ça donne un côté un peu sauvage rebelle et ça permet de se démarquer de notre passé esclavagiste. Il n'en demeure pas moins qu'on serait bien incapable de changer notre condition pour une couleur de peau, cela met en relief cette absurdité purement promotionnelle

  • Euh…

  • Je sens que t'es perdu michoux, attends je vais te faire un résumé, c'est ... «   



Un ange passe …

« navrant …voila ! C'est plus clair maintenant ?

  • Oui tout à fait, c'est ça qui me plaît chez toi Thierry, cette faculté à mettre à la portée de chacun l'aboutissement d'une réflexion aboutie sans emboutir les abrutis.

  • Je sens que tu te perds Michel…

  • Bref, je voulais dire que je te trouve vraiment formidable

  • MAIS MERDE ! Tu vas arrêter de me caresser dans le sens du poil, je t'ai déjà dit que j'étais imberbe ! On va arrêter là avant que je t'insulte.

  • N'oublie pas Thierry que tu dois nous faire une petite chanson avant de nous quitter…

  • Mouais mais là j'ai pas trop envie tu vois…

  • Tu vas bien nous faire "la mort aux bourses" quand même ?

  • Nan, je te dis Michel, pas envie. T'auras qu'à faire un fondu au montage sur un clip, les gens n'y verront que du feu, tu leurs demandes de gueuler sur le plateau et ça donnera un effet live.

  • Comme tu veux Thierry, c'est toi qui décides…

  • Allez tchao Michel, on se voit mardi pour l'enterrement de Jacques, on se mettra une petite mine en sa mémoire.

    Smack, smack.



Voila, c'est comme ça qu'elle sera ma vie bientôt.

J’aurai un chauffeur qui m'attendra devant un Chappy flambant neuf sur lequel j'emmènerai quelques privilégiées que je débarquerai dans des hôtels sordides.

Un cale-piedier qui s'occupera que tout soit toujours en état de marche, un luxueux appartement avec quelques jeunes filles au père chargées de s'occuper de moi.

Je vivrai dans l'opulence, les contrats foirés, le mépris, je me découvrirai une passion pour Nietzsche sans rien y comprendre. Je n'écouterai plus de musique exceptée la mienne. Ah, ça, c'est déjà le cas, remarquez. Mais pour l'instant l'opulence se cache, excepté pour le loyer où elle s'étale de tout son long dans le petit cadre en haut à droite de mes chèques. Là, elle éprouve un malin plaisir à me donner un aperçu d'une opulence proche de zéro.



Il faudrait que je vous raconte le déclic qui me donne tant d'espoir. Mais bon je suis pas sûr que ça vous intéresse énormément.

- SI ! (dixit sam)

Mouaih, y a bien que toi pour me supporter, mon pouyou à moi



Je vois vos yeux ébahis…Oui, le sam n'est en fait qu'un fox terrier pur race que mes parents m'ont offert pour mes vingt ans, juste une imposture que je me suis permise afin d'avoir une identité rebelle dans la musique.

Vous vous souvenez du coup de com' sur la loi DAVDSI ? Une idée géniale, sortir mon personnage de rocker fm usagé à des fins de revendication contre un gouvernement de droite ? Pointu dans la réalisation, vous commencez à saisir, c'est cousu de fil blanc…

Sauf que je me suis manqué, j'aurais dû coudre de fil noir, un sam sénégalais ça aurait été 10 fois plus puissant, je me suis loupé sur ce coup là, je suis pas parfait (c'est pour ça aussi que je peux encore vous parler en vous autorisant des hochements de tête).



Pourquoi le coup d'un sénégalais ? Parce que j'ai eu une révélation… Il y a une semaine j'ai vu un mini reportage de 2 minutes sur un chanteur dénommé Patrice.

Bah, le gars, il cumule. Il est noir, allemand, ultra spirituel, habillé comme une serpillière et il s'est révélé à lui-même grâce à la guitare (enfant turbulent, hyperactif, torturé, mal dans sa peau, bref le petit con).

Ça c'est le portrait qu'on te brosse, et après tu vois quoi dans le plan suivant ? Un tocard sur lit de chambre d'hôtel avec une voix fluette et un jeu de guitare des plus déplorables, qui chante faux bien évidemment…

Bref une ombre de désespoir de la musique, un relent de Tryo usagé avec des dreadlocks pour faire tomber les gamines à la sortie des collèges.

Il aurait eu une 205 tunée, ça aurait été le jackpot.



Note pour moi-même : rajouter des rastas à sam et monter un mythe sur une 205 vert pomme avec jantes chromées, aileron et rabaissée.



C'est ça qui m'a manqué pour Sam, ce petit côté spirituel qui respecte à la lettre Sartre, il aurait fallu pas grand-chose, un petit "je demande aux députés d'ouvrir leurs âmes et de transcender leur perception de la musique", un truc dans ce goût, là c'est pas parfait d'accord mais faire vivre Sam c'est du travail.



Bref je m'égare, sam a donc aboyé pour que je vous raconte le déclic.

C'était une froide nuit de décembre, je m'ennuyais gravement à ne rien faire. J'aime ne rien faire, rien, juste vautré dans un canapé, l'esprit qui gambade ailleurs, sur des versants noirs et enfumés d'un volcan que je rêve de gravir.

Il y a des éboulis, de la suie, des méandres gravés dans la pente, je monte, j'en chie et en haut avant de me jeter dans le puit de lave, je scrute l'horizon et je pleure, enfin je pleure. Je pisse avec mes yeux, quoi.



Pas besoin d'être triste pour pleurer, suffit d'avoir envie de se vider. Je vaguais donc dans mes pensées stériles et lourdes d'un péril imminent quand le paquet de cigarettes se trouva désespérément vide au milieu de la pièce, rien à faire, il n'y avait plus rien à tirer de là.

Je pris ma petite doudoune en peau de brebis, tricotée par grand-mère, et en profitais pour sortir Sam.



Le quartier n'est pas bien grand, les gens se connaissent, ils sont pour la plupart fixés dans le coin depuis quelque temps, ils se croisent, s'échangent quelques politesses, quelques ragots et la vie de quartier suit son cours.

Il y a la fête du voisinage, on peut y rencontrer d'autres gens qu'on ne croise jamais, ils sont ouverts, accueillants, ils ont toujours une petite bouteille de rouge qui ne demande qu'à être partagée.

Des gens ouverts, des gens qui me mettent mal à l'aise en somme.



Y a rien de pire qu'un mec sympa au premier abord, j'aime pas ça, parce qu'il sera tout aussi ouvert avec un gros con, et ça me fout les boules de penser que c'est peut-être moi le gros con.



Une boulangerie, un tabac, un bistrot, une supérette hors de prix et un clodo, si vous avez ces quatre éléments vous pouvez proclamer haut et fort que vous avez un quartier. Si vous n'avez pas la boulangerie, vous habitez une cité, si vous n'avez pas le clodo, vous habitez une zone pavillonnaire, si vous n'avez pas de tabac, vous habitez aux Etats-Unis et si vous n'avez pas bistrot, je peux vraiment rien pour vous.

J'achetais donc ma substantifique mort lente et laissait Sam vagabonder en quête d'un palier à sa guise.



Une ombre sur le trottoir en face m'est alors familière, l'obscure lumière du lampadaire ne dessine pas plus qu'une silhouette, mais celle-ci m'attire l'œil, la crinière blonde et folle m'attire vers mon enfance, sans comprendre pourquoi.

Et puis cet homme a le profil d'une star qui se cache. Je ne sais pas pourquoi mais certaines personnes portent le statut de star sans rien faire. Une démarche, des épaules hautes, un profil bas, un sourire sûr de lui, qui peut sombrer dans la frayeur l'instant qui suit quand il croise le regard d'un autre, un autre que lui…

J'en croise parfois de cette race là, je les méprise, je les fixe dans les yeux, soulève mes babines prêt à mordre et les force à regarder leurs pieds.

C'est une petite victoire à chaque fois. A défaut d'être une star, je fais plier les physiques qui s'en approchent.



Mais ce coup-ci c'est différent, je sens que c'est une vraie star, qui l'a voulu, sans prédispositions naturelles.

Je traverse la rue, cross la street, marche d'un pas rapide afin d'être à sa hauteur et l'interpelle. Je lui dis qu'il me rappelle vaguement quelqu'un et celui-ci me balance direct son nom comme une évidence.

Je lui propose d'aller prendre un verre pour discuter, je sens que c'est LA rencontre qui va changer ma vie, il décline l'invitation, il est pressé, mais il me balance cette phrase remplie d'un espoir envahissant pour moi : « Au plaisir ».

Le plaisir n'est-il pas une chose que chaque être souhaite renouveler ? Pour sûr que si, et lorsque cette phrase sort tout droit de la bouche de Jean-Pierre François, ça vous emplit d'allégresse pour toute une vie. Voilà le déclic, un petit coup de pouce du destin qui me fait dire que c'est pour presque demain les millions, autant donc les envisager !



J'en suis là de mes pensées quand l'alarme se met à sonner, c'est bientôt l'heure de se poster dans cette rue, près du tabac, mon lecteur mp3 fourré dans la poche, l'enregistrement bien posé, prêt à foudroyer le premier producteur qui me tombera dessus.

J'y ai mis toute mon âme. Afin de pouvoir balayer dans le même champ Chéri-fm et NRJ, j’ai fini mon dernier couplet sur un "que les peuples se donnent la main en criant je t'aime les autres".



La même doudoune, Sam toujours là, la même rue, le lampadaire toujours là, je sens que ce soir je vais le recroiser. Mais c'est une voix féminine qui m'interpelle dans le dos : « Z'auriez pas du feu please ? » 

Bizarrement, je ne suis même pas déçu par l’absence de Jean-Pierre dans cette amorce de contact crépusculaire.

D’abord parce que j’ai tendance à me souvenir qu’une voix, quand elle est féminine, c’est comme un début de string, ensuite parce que, finalement, si J-P F m’intéresse en tant que chemin probable vers la gloire, la gloire m’intéresse surtout en tant que chemin assuré vers des strings sales perpétuellement disponibles.

Et donc, dégainant mon plus beau bic dans un gracieux giratoire à peine calculé, je prends la promesse de raccourci, flamme alerte.



  • ooh, un briquet… non merci, je préfère les allumettes, lâche la voix dans une flaque de dédain déçu.

    Bordel de merde… allumettes… je fouille mes poches tout en essayant de me mettre un œil dérivant en mode nyctalope, histoire de vérifier dans la pénombre urbaine si le contenu du string vaut le coup qu’on fasse les fonds de tiroir. Raté, et re-raté : le dos dans un halo de lune, la voix a une silhouette aussi noire que le bout de la seule alumette cramée que je trouve au fond de mon jean. Tant pis, ce sera le briquet ou rien…

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« - Bah, j’ai que ça » dit-il en me montrant à nouveau son cricket hors d’âge.

Son clebs ridicule me regarde d’un drôle d’air. C’est quoi cette nouvelle mode de rajouter des rastas aux chiens maintenant ?

Allez, ça ira, ça ira, donne toujours. Il allume, je me penche vers lui, clope au bec, une mèche de cheveux glisse et, pfiiiiouuu, je me taille une nouvelle coupe au chalumeau.



Dans la demi-nuit, ça fait comme un feu de Bengale. Vite éteint d’une pichenette de la main, certes, mais tout de même, c’est impressionnant.

Ooh merde, pardon, pardon, pas fait exprès, s’excuse-t-il, et il se met à me frapper la tête d’un air désolé, comme si l’incendie menaçait encore. Bon, ça va, arrête… c’est pas grave… mais arrête !

C’est vrai, quoi, c’est pas la mort, une mèche cramée. Ça m’évitera un Dessange. Et puis, ça tombe bien, je me sens pyromane, ce soir. 

Et, donc, je me mets à mater l’allumeur de tifs, histoire de juger s’il ferait une victime correcte sur mon bûcher des vanités. Une bonne tête de jeune premier. Et plus. Il fait figure de circonstance, bien sûr, le sourire un peu emmerdé qu’il faut pour se faire pardonner, mais derrière la façade, je sens les dents capables de carotter le pavé pour trouver une nappe phréatique.



Waooo. Si Djipy attendait pas sa boite de Corones, sûre que je m’arrangerais pour mettre tout de suite au dessus de la pile l’idée qui m’est soudain venue derrière la tête. Là, j’ai pas le temps, mais bon, y’a peut-être moyen de s’arranger une fin de soirée intéressante, dès que j’aurai démissionné de mon actuel job de livreuse personnelle de cigares pour ex-gloire du show-baise…



Ah oui, c’est vrai, ce soir, je quitte Djipy. Là, comme ça, tout de suite, j’avais oublié. L’idée date de ce matin, mais elle a été si fulgurante qu’elle s’est imposée à moi comme une vérité déjà accomplie. Au moment même où j’ai imaginé pouvoir le faire, c’était fait, j’avais zappé Djipy, et ce n’était dommage que pour lui.



Faut vraiment peu de choses finalement, quelquefois, pour déménager de vie. Là, par exemple… Ce matin, quand je l’ai vu apparaître dans l’embrasure de ma porte de chambre, le plateau de mon ptit-dèj’ dans les mains. D’abord j’ai vu de loin qu’il avait mis un pot de Nutella et pas la confiture fraise-menthe que je préfère. Ça m’a énervé. Et puis j’ai vu le dernier numéro de Voici coincé au milieu de son sourire triomphal. Total assortis à son journal dans la gueule, il y avait ses yeux de chien excité qui ramène un beau bâton d’explosif.

Il était… comment dire ? Pfff…Ridicule.



Il a posé le plateau sur ma couette, m’a tendu ma rose du matin, tout énervé, je le sentais crever d’impatience de me montrer le dernier bobard médiatique pondu par son nouvel attaché de presse, un as des as, le même qui a organisé le rebirth de Christophe sur la sortie de Bevilaqua, pour te dire…

Aaah oui, effectivement, cette fois, il avait même décroché une couv . En pleine une, sa tronche version romantique dépressif, lunettes noires de rigueur, barrée d’un titre éloquent : «Jean-Pierre François : tragique descente aux enfers ». Et, je vous sers le meilleur, en sous-titre à peine moins gros : « Abandonné par Pola, il tente de mettre fin à ses jours ».

Abandonné par Pola. C’est ça qui a fait tilt. Après tout, si tout le monde était déjà au courant, c’était le moment idéal !

J’étais encore toute retournée par cette révélation, ce merveilleux champ des possibles dont j’avais soudain trouvé la clef, quand je sentis sa main pleine de doigts fébriles s’aventurer sur mon indifférence et son souffle chaud près de mon oreille…

« - Fais tes bagages, ma reine, on part une semaine aux Maldives fêter notre réconciliation, et quand on revient, on annonce notre mariage ! Et si avec ça je décroche pas un Nulle Part Ailleurs… »

J’ai glissé du lit, anguille, le laissant seul avec Voici, qu’il comprenne enfin pour quoi il bande.

« - J’en veux pas de ton petit dèj, t’as oublié la confiture fraise-menthe. »

Et je me suis enfermée dans la salle de bains, peaufinant avec délices le scénario dans lequel je vais ce soir même lui annoncer que je me casse, basta, va chier.



Tout ça pour dire que non, bien sûr, j’ai pas vraiment oublié que je quitte Djipy ce soir, j’avais juste zappé le fait qu’il faut encore que je le lui annonce, et que si je veux prévoir une fin de soirée, va falloir abréger au max. J’ai bien fait d’en rester à l’idée du soir, moi. Un moment, dans l’euphorie, j’avais failli précipiter les choses…

Là, ça va être parfait. Il a passé la journée avec son team comm’ pour préparer la gestion des retours after-scoop et fêter le coup de promo, ils ont décidé qu’il ne devrait plus mettre le nez dehors avant l’annonce de la réconciliation, du coup quand ils sont tous partis, je lui ai proposé d’aller acheter ses Corones, au retour nos valises seront prêtes pour les Maldives, le taxi attendra, sauf que je monterai pas dans le taxi. Net, efficace, concentré.

Leçon N°1 : ne jamais quitter un mec le matin, ça risque de traîner hyper en longueur et de pourrir toute la journée.



Et sur ces saines pensées, je lance mon plus joli sourire à mon capilliculteur pyrotechnicien.

« - Eh bien, je crois que sur ce coup là, vous allez devoir m’inviter à boire un coup si vous voulez vous faire pardonner… »



• - •



 

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Donc, suite encore. Ça va mieux les interlignes, Jack ?
Participations suspendues Réactions (5): VOIR/REAGIR

- | RANG 6 | -

Participation de tbls (289)

Un jour.



J'aurai de l'argent, des millions, des fans, des millions, des strings sales, des millions. Mais des millions plus des millions, ça reste des millions.

N'empêche qu'avec tous ces millions, je serai invité par Drucker, un dimanche, je serai reconnu, connu, nu, et je répondrai à ses questions à la con.



« - Alors, Thierry, qu'allez vous faire de tous ces millions ?

  • déjà, bonjour Michel

  • bonjour Thierry

  • on se fait la bise quand même... »



smack, smack



« - Donc, pour les millions, j'ai plein de projet dans la tête, tout d'abord, je voudrais offrir une maison à ma mère, mais bon comme elle en a déjà une, ça va servir à rien, ensuite j'aimerais soutenir mon frêre parce qu'il a toujours rêvé d'être riche, mais bon comme il l'est déjà, ça va servir à rien

  • Du coup il te reste encore des millions Thierry …

  • Oui Micheline, t'as tout compris, c'est l'avantage paradoxal de mon raisonnement. Alors comme l'argent, ça fait pas le bonheur, je pensais construire un Disneyland™ en Ethiopie, et aussi une piscine découverte en Mongolie. Je veux apporter du rêve là où il n'y a que misère et désolation.

  • Comme le disait le penseur Jack Fontana, « rien ne sert de mourir, il faut courir à point»…

  • Oui c'est un peu ça, mais je garderai un bon million pour moi aussi, j'ai toujours rêvé de racheter un bordel et d'y planter une oasis, métaphoriquement c'est très joli et ça sert à rien, ça sera ma manière à moi d'être un artiste.

  • Justement, as-tu la sensation d'avoir une utilité en tant qu'artiste ?

  • Bah déjà ça te permet de m'interviewer mon con, donc c'est une bonne chose. Ensuite, ça me permet d'extérioriser plein de choses, des souffrances de mon enfance, et en ça, je révèle aux abrutis leur être intérieur qu'ils sont incapables d'entrevoir, je donne des clés, reste plus qu'à ouvrir les portes… à condition de trouver la serrure.

  • En effet Thierry, moi je vois, quand j'ai écouté ton dernier disque "pleure avec ton sang", ça m'a fait remonter plein de choses à la mémoire, parce que quand j'étais enfant…

  • On s'en fout Michel, c'est pas le sujet. Le truc c'est qu'aujourd'hui je peux rappeler tous les proprios qui ont refusé de me louer leur maison, leur racheter et leur saloper comme pas permis. Je fais des inscriptions à la peinture pour bien salir leur attitude, du genre "L'ancien propriétaire n'était qu'une conne" et après je photographie et leur envoie. Ils peuvent rien dire car c'est de l'art. Bref c'est surtout à ça que ça me sert les millions.

  • Dans une chanson dans ton dernier album tu dis : "l'amertume d'être blanc ne vaut l'amer thune que je vends", c'est un double sens ?

  • Oui complètement, j'ai longtemps observé et j'ai constaté qu'il était très tendance de se revendiquer d'une autre couleur, ça donne un côté un peu sauvage rebelle et ça permet de se démarquer de notre passé esclavagiste. Il n'en demeure pas moins qu'on serait bien incapable de changer notre condition pour une couleur de peau, cela met en relief cette absurdité purement promotionnelle

  • Euh…

  • Je sens que t'es perdu michoux, attends je vais te faire un résumé, c'est ... «



Un ange passe …

« navrant …voila ! C'est plus clair maintenant ?

  • Oui tout à fait, c'est ça qui me plaît chez toi Thierry, cette faculté à mettre à la portée de chacun l'aboutissement d'une réflexion aboutie sans emboutir les abrutis.

  • Je sens que tu te perds Michel…

  • Bref, je voulais dire que je te trouve vraiment formidable

  • MAIS MERDE ! Tu vas arrêter de me caresser dans le sens du poil, je t'ai déjà dit que j'étais imberbe ! On va arrêter là avant que je t'insulte.

  • N'oublie pas Thierry que tu dois nous faire une petite chanson avant de nous quitter…

  • Mouais mais là j'ai pas trop envie tu vois…

  • Tu vas bien nous faire "la mort aux bourses" quand même ?

  • Nan, je te dis Michel, pas envie. T'auras qu'à faire un fondu au montage sur un clip, les gens n'y verront que du feu, tu leurs demandes de gueuler sur le plateau et ça donnera un effet live.

  • Comme tu veux Thierry, c'est toi qui décides…

  • Allez tchao Michel, on se voit mardi pour l'enterrement de Jacques, on se mettra une petite mine en sa mémoire.

    Smack, smack.



Voila, c'est comme ça qu'elle sera ma vie bientôt.

J’aurai un chauffeur qui m'attendra devant un Chappy flambant neuf sur lequel j'emmènerai quelques privilégiées que je débarquerai dans des hôtels sordides.

Un cale-piedier qui s'occupera que tout soit toujours en état de marche, un luxueux appartement avec quelques jeunes filles au père chargées de s'occuper de moi.

Je vivrai dans l'opulence, les contrats foirés, le mépris, je me découvrirai une passion pour Nietzsche sans rien y comprendre. Je n'écouterai plus de musique exceptée la mienne. Ah, ça, c'est déjà le cas, remarquez. Mais pour l'instant l'opulence se cache, excepté pour le loyer où elle s'étale de tout son long dans le petit cadre en haut à droite de mes chèques. Là, elle éprouve un malin plaisir à me donner un aperçu d'une opulence proche de zéro.



Il faudrait que je vous raconte le déclic qui me donne tant d'espoir. Mais bon je suis pas sûr que ça vous intéresse énormément.

- SI ! (dixit sam)

Mouaih, y a bien que toi pour me supporter, mon pouyou à moi



Je vois vos yeux ébahis…Oui, le sam n'est en fait qu'un fox terrier pur race que mes parents m'ont offert pour mes vingt ans, juste une imposture que je me suis permise afin d'avoir une identité rebelle dans la musique.

Vous vous souvenez du coup de com' sur la loi DAVDSI ? Une idée géniale, sortir mon personnage de rocker fm usagé à des fins de revendication contre un gouvernement de droite ? Pointu dans la réalisation, vous commencez à saisir, c'est cousu de fil blanc…

Sauf que je me suis manqué, j'aurais dû coudre de fil noir, un sam sénégalais ça aurait été 10 fois plus puissant, je me suis loupé sur ce coup là, je suis pas parfait (c'est pour ça aussi que je peux encore vous parler en vous autorisant des hochements de tête).



Pourquoi le coup d'un sénégalais ? Parce que j'ai eu une révélation… Il y a une semaine j'ai vu un mini reportage de 2 minutes sur un chanteur dénommé Patrice.

Bah, le gars, il cumule. Il est noir, allemand, ultra spirituel, habillé comme une serpillière et il s'est révélé à lui-même grâce à la guitare (enfant turbulent, hyperactif, torturé, mal dans sa peau, bref le petit con).

Ça c'est le portrait qu'on te brosse, et après tu vois quoi dans le plan suivant ? Un tocard sur lit de chambre d'hôtel avec une voix fluette et un jeu de guitare des plus déplorables, qui chante faux bien évidemment…

Bref une ombre de désespoir de la musique, un relent de Tryo usagé avec des dreadlocks pour faire tomber les gamines à la sortie des collèges.

Il aurait eu une 205 tunée, ça aurait été le jackpot.



Note pour moi-même : rajouter des rastas à sam et monter un mythe sur une 205 vert pomme avec jantes chromées, aileron et rabaissée.



C'est ça qui m'a manqué pour Sam, ce petit côté spirituel qui respecte à la lettre Sartre, il aurait fallu pas grand-chose, un petit "je demande aux députés d'ouvrir leurs âmes et de transcender leur perception de la musique", un truc dans ce goût, là c'est pas parfait d'accord mais faire vivre Sam c'est du travail.



Bref je m'égare, sam a donc aboyé pour que je vous raconte le déclic.

C'était une froide nuit de décembre, je m'ennuyais gravement à ne rien faire. J'aime ne rien faire, rien, juste vautré dans un canapé, l'esprit qui gambade ailleurs, sur des versants noirs et enfumés d'un volcan que je rêve de gravir.

Il y a des éboulis, de la suie, des méandres gravés dans la pente, je monte, j'en chie et en haut avant de me jeter dans le puit de lave, je scrute l'horizon et je pleure, enfin je pleure. Je pisse avec mes yeux, quoi.



Pas besoin d'être triste pour pleurer, suffit d'avoir envie de se vider. Je vaguais donc dans mes pensées stériles et lourdes d'un péril imminent quand le paquet de cigarettes se trouva désespérément vide au milieu de la pièce, rien à faire, il n'y avait plus rien à tirer de là.

Je pris ma petite doudoune en peau de brebis, tricotée par grand-mère, et en profitais pour sortir Sam.



Le quartier n'est pas bien grand, les gens se connaissent, ils sont pour la plupart fixés dans le coin depuis quelque temps, ils se croisent, s'échangent quelques politesses, quelques ragots et la vie de quartier suit son cours.

Il y a la fête du voisinage, on peut y rencontrer d'autres gens qu'on ne croise jamais, ils sont ouverts, accueillants, ils ont toujours une petite bouteille de rouge qui ne demande qu'à être partagée.

Des gens ouverts, des gens qui me mettent mal à l'aise en somme.



Y a rien de pire qu'un mec sympa au premier abord, j'aime pas ça, parce qu'il sera tout aussi ouvert avec un gros con, et ça me fout les boules de penser que c'est peut-être moi le gros con.



Une boulangerie, un tabac, un bistrot, une supérette hors de prix et un clodo, si vous avez ces quatre éléments vous pouvez proclamer haut et fort que vous avez un quartier. Si vous n'avez pas la boulangerie, vous habitez une cité, si vous n'avez pas le clodo, vous habitez une zone pavillonnaire, si vous n'avez pas de tabac, vous habitez aux Etats-Unis et si vous n'avez pas bistrot, je peux vraiment rien pour vous.

J'achetais donc ma substantifique mort lente et laissait Sam vagabonder en quête d'un palier à sa guise.



Une ombre sur le trottoir en face m'est alors familière, l'obscure lumière du lampadaire ne dessine pas plus qu'une silhouette, mais celle-ci m'attire l'œil, la crinière blonde et folle m'attire vers mon enfance, sans comprendre pourquoi.

Et puis cet homme a le profil d'une star qui se cache. Je ne sais pas pourquoi mais certaines personnes portent le statut de star sans rien faire. Une démarche, des épaules hautes, un profil bas, un sourire sûr de lui, qui peut sombrer dans la frayeur l'instant qui suit quand il croise le regard d'un autre, un autre que lui…

J'en croise parfois de cette race là, je les méprise, je les fixe dans les yeux, soulève mes babines prêt à mordre et les force à regarder leurs pieds.

C'est une petite victoire à chaque fois. A défaut d'être une star, je fais plier les physiques qui s'en approchent.



Mais ce coup-ci c'est différent, je sens que c'est une vraie star, qui l'a voulu, sans prédispositions naturelles.

Je traverse la rue, cross la street, marche d'un pas rapide afin d'être à sa hauteur et l'interpelle. Je lui dis qu'il me rappelle vaguement quelqu'un et celui-ci me balance direct son nom comme une évidence.

Je lui propose d'aller prendre un verre pour discuter, je sens que c'est LA rencontre qui va changer ma vie, il décline l'invitation, il est pressé, mais il me balance cette phrase remplie d'un espoir envahissant pour moi : « Au plaisir ».

Le plaisir n'est-il pas une chose que chaque être souhaite renouveler ? Pour sûr que si, et lorsque cette phrase sort tout droit de la bouche de Jean-Pierre François, ça vous emplit d'allégresse pour toute une vie. Voilà le déclic, un petit coup de pouce du destin qui me fait dire que c'est pour presque demain les millions, autant donc les envisager !



J'en suis là de mes pensées quand l'alarme se met à sonner, c'est bientôt l'heure de se poster dans cette rue, près du tabac, mon lecteur mp3 fourré dans la poche, l'enregistrement bien posé, prêt à foudroyer le premier producteur qui me tombera dessus.

J'y ai mis toute mon âme. Afin de pouvoir balayer dans le même champ Chéri-fm et NRJ, j’ai fini mon dernier couplet sur un "que les peuples se donnent la main en criant je t'aime les autres".



La même doudoune, Sam toujours là, la même rue, le lampadaire toujours là, je sens que ce soir je vais le recroiser. Mais c'est une voix féminine qui m'interpelle dans le dos : « Z'auriez pas du feu please ? »

Bizarrement, je ne suis même pas déçu par l’absence de Jean-Pierre dans cette amorce de contact crépusculaire.

D’abord parce que j’ai tendance à me souvenir qu’une voix, quand elle est féminine, c’est comme un début de string, ensuite parce que, finalement, si J-P F m’intéresse en tant que chemin probable vers la gloire, la gloire m’intéresse surtout en tant que chemin assuré vers des strings sales perpétuellement disponibles.

Et donc, dégainant mon plus beau bic dans un gracieux giratoire à peine calculé, je prends la promesse de raccourci, flamme alerte.



  • ooh, un briquet… non merci, je préfère les allumettes, lâche la voix dans une flaque de dédain déçu.

    Bordel de merde… allumettes… je fouille mes poches tout en essayant de me mettre un œil dérivant en mode nyctalope, histoire de vérifier dans la pénombre urbaine si le contenu du string vaut le coup qu’on fasse les fonds de tiroir. Raté, et re-raté : le dos dans un halo de lune, la voix a une silhouette aussi noire que le bout de la seule alumette cramée que je trouve au fond de mon jean. Tant pis, ce sera le briquet ou rien…

• - •



« - Bah, j’ai que ça » dit-il en me montrant à nouveau son cricket hors d’âge.

Son clebs ridicule me regarde d’un drôle d’air. C’est quoi cette nouvelle mode de rajouter des rastas aux chiens maintenant ?

Allez, ça ira, ça ira, donne toujours. Il allume, je me penche vers lui, clope au bec, une mèche de cheveux glisse et, pfiiiiouuu, je me taille une nouvelle coupe au chalumeau.



Dans la demi-nuit, ça fait comme un feu de Bengale. Vite éteint d’une pichenette de la main, certes, mais tout de même, c’est impressionnant.

Ooh merde, pardon, pardon, pas fait exprès, s’excuse-t-il, et il se met à me frapper la tête d’un air désolé, comme si l’incendie menaçait encore. Bon, ça va, arrête… c’est pas grave… mais arrête !

C’est vrai, quoi, c’est pas la mort, une mèche cramée. Ça m’évitera un Dessange. Et puis, ça tombe bien, je me sens pyromane, ce soir.

Et, donc, je me mets à mater l’allumeur de tifs, histoire de juger s’il ferait une victime correcte sur mon bûcher des vanités. Une bonne tête de jeune premier. Et plus. Il fait figure de circonstance, bien sûr, le sourire un peu emmerdé qu’il faut pour se faire pardonner, mais derrière la façade, je sens les dents capables de carotter le pavé pour trouver une nappe phréatique.



Waooo. Si Djipy attendait pas sa boite de Corones, sûre que je m’arrangerais pour mettre tout de suite au dessus de la pile l’idée qui m’est soudain venue derrière la tête. Là, j’ai pas le temps, mais bon, y’a peut-être moyen de s’arranger une fin de soirée intéressante, dès que j’aurai démissionné de mon actuel job de livreuse personnelle de cigares pour ex-gloire du show-baise…



Ah oui, c’est vrai, ce soir, je quitte Djipy. Là, comme ça, tout de suite, j’avais oublié. L’idée date de ce matin, mais elle a été si fulgurante qu’elle s’est imposée à moi comme une vérité déjà accomplie. Au moment même où j’ai imaginé pouvoir le faire, c’était fait, j’avais zappé Djipy, et ce n’était dommage que pour lui.



Faut vraiment peu de choses finalement, quelquefois, pour déménager de vie. Là, par exemple… Ce matin, quand je l’ai vu apparaître dans l’embrasure de ma porte de chambre, le plateau de mon ptit-dèj’ dans les mains. D’abord j’ai vu de loin qu’il avait mis un pot de Nutella et pas la confiture fraise-menthe que je préfère. Ça m’a énervé. Et puis j’ai vu le dernier numéro de Voici coincé au milieu de son sourire triomphal. Total assortis à son journal dans la gueule, il y avait ses yeux de chien excité qui ramène un beau bâton d’explosif.

Il était… comment dire ? Pfff…Ridicule.



Il a posé le plateau sur ma couette, m’a tendu ma rose du matin, tout énervé, je le sentais crever d’impatience de me montrer le dernier bobard médiatique pondu par son nouvel attaché de presse, un as des as, le même qui a organisé le rebirth de Christophe sur la sortie de Bevilaqua, pour te dire…

Aaah oui, effectivement, cette fois, il avait même décroché une couv . En pleine une, sa tronche version romantique dépressif, lunettes noires de rigueur, barrée d’un titre éloquent : «Jean-Pierre François : tragique descente aux enfers ». Et, je vous sers le meilleur, en sous-titre à peine moins gros : « Abandonné par Pola, il tente de mettre fin à ses jours ».

Abandonné par Pola. C’est ça qui a fait tilt. Après tout, si tout le monde était déjà au courant, c’était le moment idéal !

J’étais encore toute retournée par cette révélation, ce merveilleux champ des possibles dont j’avais soudain trouvé la clef, quand je sentis sa main pleine de doigts fébriles s’aventurer sur mon indifférence et son souffle chaud près de mon oreille…

« - Fais tes bagages, ma reine, on part une semaine aux Maldives fêter notre réconciliation, et quand on revient, on annonce notre mariage ! Et si avec ça je décroche pas un Nulle Part Ailleurs… »

J’ai glissé du lit, anguille, le laissant seul avec Voici, qu’il comprenne enfin pour quoi il bande.

« - J’en veux pas de ton petit dèj, t’as oublié la confiture fraise-menthe. »

Et je me suis enfermée dans la salle de bains, peaufinant avec délices le scénario dans lequel je vais ce soir même lui annoncer que je me casse, basta, va chier.



Tout ça pour dire que non, bien sûr, j’ai pas vraiment oublié que je quitte Djipy ce soir, j’avais juste zappé le fait qu’il faut encore que je le lui annonce, et que si je veux prévoir une fin de soirée, va falloir abréger au max. J’ai bien fait d’en rester à l’idée du soir, moi. Un moment, dans l’euphorie, j’avais failli précipiter les choses…

Là, ça va être parfait. Il a passé la journée avec son team comm’ pour préparer la gestion des retours after-scoop et fêter le coup de promo, ils ont décidé qu’il ne devrait plus mettre le nez dehors avant l’annonce de la réconciliation, du coup quand ils sont tous partis, je lui ai proposé d’aller acheter ses Corones, au retour nos valises seront prêtes pour les Maldives, le taxi attendra, sauf que je monterai pas dans le taxi. Net, efficace, concentré.

Leçon N°1 : ne jamais quitter un mec le matin, ça risque de traîner hyper en longueur et de pourrir toute la journée.



Et sur ces saines pensées, je lance mon plus joli sourire à mon capilliculteur pyrotechnicien.

« - Eh bien, je crois que sur ce coup là, vous allez devoir m’inviter à boire un coup si vous voulez vous faire pardonner… »

J'ai un problème d'audition depuis tout petit, mais là je suis quasiment convaincu qu'elle m'a proposé d'aller boire un verre. Merde, je suis scié, vitesse de cerveau mise en action :

0.010 s : invitation à boire un verre avec une fille

0.015 s : invitation qui m'est destinée

0.020 s : merde d'habitude c'est moi qui invite, là je suis comme un con

0.025 s : trouver un référant

0.150 s : Brel aurait dit oui avec un grand sourire franc

0.350 s : Al Pacino aurait dit à la pute d'aller se faire foutre

0.470 s : Camus aurait accepté sans dire un mot

0.580 s : Bukowski lui aurait dit "a condition de boire beaucoup et de baiser après"

0.690 s : qu'est-ce que moi je dis ?

0.890 s : toujours le même questionnement

1s : J'AI ENVIE D'UNE FEMME

"- Pardon ? T'as dit quoi là ?"

"- Euh j'ai rien dit, mais ok, allons boire un verre.

 Le bar est minable, un bar pmu sans course, tous les étalons sont partis et seuls les mules et autres trop vieux canassons sont accoudés au comptoir. En même temps il est tard, faut pas s'attendre à mieux. Ca sent mauvais, je croise les doigts pour que l'odeur provienne d'un élément du bar et non de moi-même. On ne se rend compte qu'on pue qu'en milieu fermé, une question d'entropie parait-il, en tous les cas avec mes jeans mille fois non lavés j'ai pu vérifier la théorie à maintes reprises. Je commande un chocolat chaud, elle prend une bière. Soient deux possibilités : 1) c'est une poivrote 2) c'est une jeune qui veut se la donner cool 3) c'est un type de fille inconnu jusqu'à maintenant. Je croise les doigts pour la troisième solution.

Je me suis mis face à la rue, je guette, au cas où le Jean Pierre François se décide à passer, sam s'est gentiment allongé au pied de ma chaise, c'est un gentil chien quand même. Faudra que je pense à lui acheter un cadeau un jour. Elle me regarde avec des yeux ronds, ouverts, trop ouverts, elle a l'air fatiguée ou droguée je sais pas. Et merde je déteste les inconnus, surtout les femmes, je vais me retrouver avec une cassos que ça va pas faire un pli, je le sens déjà,seul échappatoire, faire le cassos aussi :

"- Tu sais je t'ai dit oui mais en fait j'ai pas une thune, je suis en galère en ce moment, je me suis fait jeter de mon foyer pour les cassos et je dors dans la rue. Bon attention c'est temporaire, je sens que je vais bientôt remonter la pente, mais là à part mon chien et un lit de camp qui m'attend sous le pont mirabeau j'ai pas un radis.

- mouais, c'est pas bien grave.

(je fais en sorte de trember, je renifle un bon coup, racle la gorge et me gratte un peu partout, j'aurais dû être acteur, je le savais depuis toujours, je sais pas pourquoi j'ai choisi de n'être rien, peut-être la solution de facilité)

"- Mais qu'est-ce tu fous dans le coin toi, je t'ai jamais vu dans le biz par ici, tu revends ? tu tapines ? t'es pas trop moche pourtant, tu dois pouvoir te trouver un petit miné gavé de fric."

(bon ok, j'y vais un peu fort, le mec vulgaire, mais j'y mets de la compassion, y a toujours de la compassion à revendre chez ceux qui sont le plus à plaindre). En même temps elle a pris qu'un demi et je suis déjà à fond dans le cliché, si jamais c'te conne bosse dans une maison de disque je vais m'en mordre les doigts, quoi que l'artiste paumé et vulgaire sans son instrument ça marche aussi.

 

• -



 

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je te laisse la parole chère pola.
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Participation de Pola.k (290)

Un jour




J'aurai de l'argent, des millions, des fans, des millions, des strings sales, des millions. Mais des millions plus des millions, ça reste des millions.
N'empêche qu'avec tous ces millions, je serai invité par Drucker, un dimanche, je serai reconnu, connu, nu, et je répondrai à ses questions à la con.

« - Alors Thierry, qu'allez-vous faire de tous ces millions ?
- déjà, bonjour Michel
- bonjour Thierry
- on se fait la bise quand même...
…smack, smack…

…Donc, pour les millions, j'ai plein de projets dans la tête. Tout d'abord, je voudrais offrir une maison à ma mère, mais bon comme elle en a déjà une, ça va servir à rien, ensuite j'aimerais soutenir mon frêre parce qu'il a toujours rêvé d'être riche, mais bon comme il l'est déjà, ça va servir à rien.
- Du coup il te reste encore des millions Thierry …
- Oui Micheline, t'as tout compris, c'est l'avantage paradoxal de mon raisonnement. Alors comme l'argent, ça fait pas le bonheur, je pensais construire un Disneyland™ en Ethiopie, et aussi une piscine découverte en Mongolie. Je veux apporter du rêve là où il n'y a que misère et désolation.
- Comme le disait le penseur Jack Fontana, « rien ne sert de mourir, il faut courir à point»…
- Oui c'est un peu ça, mais je garderai un bon million pour moi aussi, j'ai toujours rêvé de racheter un bordel et d'y planter une oasis, métaphoriquement c'est très joli et ça sert à rien, ça sera ma manière à moi d'être un artiste.
- Justement, as-tu la sensation d'avoir une utilité en tant qu'artiste ?
- Bah déjà ça te permet de m'interviewer mon con, donc c'est une bonne chose. Ensuite, ça me permet d'extérioriser plein de choses, des souffrances de mon enfance, et en ça, je révèle aux abrutis leur être intérieur qu'ils sont incapables d'entrevoir, je donne des clés, reste plus qu'à ouvrir les portes… à condition de trouver la serrure.
- En effet Thierry, moi je vois, quand j'ai écouté ton dernier disque "pleure avec ton sang", ça m'a fait remonter plein de choses à la mémoire, parce que quand j'étais enfant…
- On s'en fout Michel, c'est pas le sujet. Le truc c'est qu'aujourd'hui je peux rappeler tous les proprios qui ont refusé de me louer leur maison, leur racheter et leur saloper comme pas permis. Je fais des inscriptions à la peinture pour bien salir leur attitude, du genre "L'ancien propriétaire n'était qu'une conne" et après je photographie et leur envoie. Ils peuvent rien dire car c'est de l'art. Bref c'est surtout à ça que ça me sert les millions.
- Dans une chanson dans ton dernier album tu dis : "l'amertume d'être blanc ne vaut l'amer thune que je vends", c'est un double sens ?
- Oui complètement, j'ai longtemps observé et j'ai constaté qu'il était très tendance de se revendiquer d'une autre couleur, ça donne un côté un peu sauvage rebelle et ça permet de se démarquer de notre passé esclavagiste. Il n'en demeure pas moins qu'on serait bien incapable de changer notre condition pour une couleur de peau, cela met en relief cette absurdité purement promotionnelle
- Euh…
- Je sens que t'es perdu michoux, attends je vais te faire un résumé, c'est ...

Un ange passe …

…navrant …voila ! C'est plus clair maintenant ?
- Oui tout à fait, c'est ça qui me plaît chez toi Thierry, cette faculté à mettre à la portée de chacun l'aboutissement d'une réflexion aboutie sans emboutir les abrutis.
- Je sens que tu te perds Michel…
- Bref, je voulais dire que je te trouve vraiment formidable
- MAIS MERDE ! Tu vas arrêter de me caresser dans le sens du poil, je t'ai déjà dit que j'étais imberbe ! On va arrêter là avant que je t'insulte.
- N'oublie pas Thierry que tu dois nous faire une petite chanson avant de nous quitter…
- Mouais mais là j'ai pas trop envie tu vois…
- Tu vas bien nous faire "la mort aux bourses" quand même ?
- Nan, je te dis Michel, pas envie. T'auras qu'à faire un fondu au montage sur un clip, les gens n'y verront que du feu, tu leurs demandes de gueuler sur le plateau et ça donnera un effet live.
- Comme tu veux Thierry, c'est toi qui décides…
- Allez tchao Michel, on se voit mardi pour l'enterrement de Jacques, on se mettra une petite mine en sa mémoire.
… Smack, smack.


Voila, c'est comme ça qu'elle sera ma vie bientôt.
J’aurai un chauffeur qui m'attendra devant un Chappy flambant neuf sur lequel j'emmènerai quelques privilégiées que je débarquerai dans des hôtels sordides.
Un cale-piedier qui s'occupera que tout soit toujours en état de marche, un luxueux appartement avec quelques jeunes filles au père chargées de s'occuper de moi.
Je vivrai dans l'opulence, les contrats foirés, le mépris, je me découvrirai une passion pour Nietzsche sans rien y comprendre. Je n'écouterai plus de musique exceptée la mienne. Ah, ça, c'est déjà le cas, remarquez. Mais pour l'instant l'opulence se cache, excepté pour le loyer où elle s'étale de tout son long dans le petit cadre en haut à droite de mes chèques. Là, elle éprouve un malin plaisir à me donner un aperçu d'une opulence proche de zéro.


Il faudrait que je vous raconte le déclic qui me donne tant d'espoir. Mais bon je suis pas sûr que ça vous intéresse énormément.
- SI ! (dixit sam)
Mouaih, y a bien que toi pour me supporter, mon pouyou à moi

Je vois vos yeux ébahis…Oui, le sam n'est en fait qu'un fox terrier pur race que mes parents m'ont offert pour mes vingt ans, juste une imposture que je me suis permise afin d'avoir une identité rebelle dans la musique.
Vous vous souvenez du coup de com' sur la loi DAVDSI ? Une idée géniale, sortir mon personnage de rocker fm usagé à des fins de revendication contre un gouvernement de droite ? Pointu dans la réalisation, vous commencez à saisir, c'est cousu de fil blanc…
Sauf que je me suis manqué, j'aurais dû coudre de fil noir, un sam sénégalais ça aurait été 10 fois plus puissant, je me suis loupé sur ce coup là, je suis pas parfait (c'est pour ça aussi que je peux encore vous parler en vous autorisant des hochements de tête).

Pourquoi le coup d'un sénégalais ? Parce que j'ai eu une révélation… Il y a une semaine j'ai vu un mini reportage de 2 minutes sur un chanteur dénommé Patrice.
Bah, le gars, il cumule. Il est noir, allemand, ultra spirituel, habillé comme une serpillière et il s'est révélé à lui-même grâce à la guitare (enfant turbulent, hyperactif, torturé, mal dans sa peau, bref le petit con).
Ça c'est le portrait qu'on te brosse, et après tu vois quoi dans le plan suivant ? Un tocard sur lit de chambre d'hôtel avec une voix fluette et un jeu de guitare des plus déplorables, qui chante faux bien évidemment…
Bref une ombre de désespoir de la musique, un relent de Tryo usagé avec des dreadlocks pour faire tomber les gamines à la sortie des collèges. Il aurait eu une 205 tunée, ça aurait été le jackpot.

Note pour moi-même : rajouter des rastas à sam et monter un mythe sur une 205 vert pomme avec jantes chromées, aileron et rabaissée.

C'est ça qui m'a manqué pour Sam, ce petit côté spirituel qui respecte à la lettre Sartre, il aurait fallu pas grand-chose, un petit "je demande aux députés d'ouvrir leurs âmes et de transcender leur perception de la musique", un truc dans ce goût, là c'est pas parfait d'accord mais faire vivre Sam c'est du travail.


Bref je m'égare, sam a donc aboyé pour que je vous raconte le déclic.
C'était une froide nuit de décembre, je m'ennuyais gravement à ne rien faire. J'aime ne rien faire, rien, juste vautré dans un canapé, l'esprit qui gambade ailleurs, sur des versants noirs et enfumés d'un volcan que je rêve de gravir.
Il y a des éboulis, de la suie, des méandres gravés dans la pente, je monte, j'en chie et en haut avant de me jeter dans le puit de lave, je scrute l'horizon et je pleure, enfin je pleure. Je pisse avec mes yeux, quoi.

Pas besoin d'être triste pour pleurer, suffit d'avoir envie de se vider. Je vaguais donc dans mes pensées stériles et lourdes d'un péril imminent quand le paquet de cigarettes se trouva désespérément vide au milieu de la pièce, rien à faire, il n'y avait plus rien à tirer de là.
Je pris ma petite doudoune en peau de brebis, tricotée par grand-mère, et en profitais pour sortir Sam.


Le quartier n'est pas bien grand, les gens se connaissent, ils sont pour la plupart fixés dans le coin depuis quelque temps, ils se croisent, s'échangent quelques politesses, quelques ragots et la vie de quartier suit son cours.
Il y a la fête du voisinage, on peut y rencontrer d'autres gens qu'on ne croise jamais, ils sont ouverts, accueillants, ils ont toujours une petite bouteille de rouge qui ne demande qu'à être partagée.
Des gens ouverts, des gens qui me mettent mal à l'aise en somme.

Y a rien de pire qu'un mec sympa au premier abord, j'aime pas ça, parce qu'il sera tout aussi ouvert avec un gros con, et ça me fout les boules de penser que c'est peut-être moi le gros con.

Une boulangerie, un tabac, un bistrot, une supérette hors de prix et un clodo, si vous avez ces quatre éléments vous pouvez proclamer haut et fort que vous avez un quartier. Si vous n'avez pas la boulangerie, vous habitez une cité, si vous n'avez pas le clodo, vous habitez une zone pavillonnaire, si vous n'avez pas de tabac, vous habitez aux Etats-Unis et si vous n'avez pas bistrot, je peux vraiment rien pour vous.
J'achetais donc ma substantifique mort lente et laissait Sam vagabonder en quête d'un palier à sa guise.


Une ombre sur le trottoir en face m'est alors familière, l'obscure lumière du lampadaire ne dessine pas plus qu'une silhouette, mais celle-ci m'attire l'œil, la crinière blonde et folle m'attire vers mon enfance, sans comprendre pourquoi.
Et puis cet homme a le profil d'une star qui se cache. Je ne sais pas pourquoi mais certaines personnes portent le statut de star sans rien faire. Une démarche, des épaules hautes, un profil bas, un sourire sûr de lui, qui peut sombrer dans la frayeur l'instant qui suit quand il croise le regard d'un autre, un autre que lui…
J'en croise parfois de cette race là, je les méprise, je les fixe dans les yeux, soulève mes babines prêt à mordre et les force à regarder leurs pieds. C'est une petite victoire à chaque fois. A défaut d'être une star, je fais plier les physiques qui s'en approchent.

Mais ce coup-ci c'est différent, je sens que c'est une vraie star, qui l'a voulu, sans prédispositions naturelles.
Je traverse la rue, cross la street, marche d'un pas rapide afin d'être à sa hauteur et l'interpelle. Je lui dis qu'il me rappelle vaguement quelqu'un et celui-ci me balance direct son nom comme une évidence.
Je lui propose d'aller prendre un verre pour discuter, je sens que c'est LA rencontre qui va changer ma vie, il décline l'invitation, il est pressé, mais il me balance cette phrase remplie d'un espoir envahissant pour moi : « Au plaisir ».
Le plaisir n'est-il pas une chose que chaque être souhaite renouveler ? Pour sûr que si, et lorsque cette phrase sort tout droit de la bouche de Jean-Pierre François, ça vous emplit d'allégresse pour toute une vie. Voilà le déclic, un petit coup de pouce du destin qui me fait dire que c'est pour presque demain les millions, autant donc les envisager !


J'en suis là de mes pensées quand l'alarme se met à sonner, c'est bientôt l'heure de se poster dans cette rue, près du tabac, mon lecteur mp3 fourré dans la poche, l'enregistrement bien posé, prêt à foudroyer le premier producteur qui me tombera dessus.
J'y ai mis toute mon âme. Afin de pouvoir balayer dans le même champ Chéri-fm et NRJ, j’ai fini mon dernier couplet sur un "que les peuples se donnent la main en criant je t'aime les autres".


La même doudoune, Sam toujours là, la même rue, le lampadaire toujours là, je sens que ce soir je vais le recroiser. Mais c'est une voix féminine qui m'interpelle dans le dos : « Z'auriez pas du feu please ? »

Bizarrement, je ne suis même pas déçu par l’absence de Jean-Pierre dans cette amorce de contact crépusculaire.
D’abord parce que j’ai tendance à me souvenir qu’une voix, quand elle est féminine, c’est comme un début de string, ensuite parce que, finalement, si J-P F m’intéresse en tant que chemin probable vers la gloire, la gloire m’intéresse surtout en tant que chemin assuré vers des strings sales perpétuellement disponibles.
Et donc, dégainant mon plus beau bic dans un gracieux giratoire à peine calculé, je prends la promesse de raccourci, flamme alerte.

- ooh, un briquet… non merci, je préfère les allumettes, lâche la voix dans une flaque de dédain déçu.
Bordel de merde… allumettes… je fouille mes poches tout en essayant de me mettre un œil dérivant en mode nyctalope, histoire de vérifier dans la pénombre urbaine si le contenu du string vaut le coup qu’on fasse les fonds de tiroir. Raté, et re-raté : le dos dans un halo de lune, la voix a une silhouette aussi noire que le bout de la seule alumette cramée que je trouve au fond de mon jean. Tant pis, ce sera le briquet ou rien…

• - •

« - Bah, j’ai que ça » dit-il en me montrant à nouveau son cricket hors d’âge.
Son clebs ridicule me regarde d’un drôle d’air. C’est quoi cette nouvelle mode de rajouter des rastas aux chiens maintenant ?
Allez, ça ira, ça ira, donne toujours. Il allume, je me penche vers lui, clope au bec, une mèche de cheveux glisse et, pfiiiiouuu, je me taille une nouvelle coupe au chalumeau.

Dans la demi-nuit, ça fait comme un feu de Bengale. Vite éteint d’une pichenette de la main, certes, mais tout de même, c’est impressionnant.
Ooh merde, pardon, pardon, pas fait exprès, s’excuse-t-il, et il se met à me frapper la tête d’un air désolé, comme si l’incendie menaçait encore. Bon, ça va, arrête… c’est pas grave… mais arrête !
C’est vrai, quoi, c’est pas la mort, une mèche cramée. Ça m’évitera un Dessange. Et puis, ça tombe bien, je me sens pyromane, ce soir.
Et, donc, je me mets à mater l’allumeur de tifs, histoire de juger s’il ferait une victime correcte sur mon bûcher des vanités. Une bonne tête de jeune premier. Et plus. Il fait figure de circonstance, bien sûr, le sourire un peu emmerdé qu’il faut pour se faire pardonner, mais derrière la façade, je sens les dents capables de carotter le pavé pour trouver une nappe phréatique.

Waooo. Si Djipy attendait pas sa boite de Corones, sûre que je m’arrangerais pour mettre tout de suite au dessus de la pile l’idée qui m’est soudain venue derrière la tête. Là, j’ai pas le temps, mais bon, y’a peut-être moyen de s’arranger une fin de soirée intéressante, dès que j’aurai démissionné de mon actuel job de livreuse personnelle de cigares pour ex-gloire du show-baise…


Ah oui, c’est vrai, ce soir, je quitte Djipy. Là, comme ça, tout de suite, j’avais oublié. L’idée date de ce matin, mais elle a été si fulgurante qu’elle s’est imposée à moi comme une vérité déjà accomplie. Au moment même où j’ai imaginé pouvoir le faire, c’était fait, j’avais zappé Djipy, et ce n’était dommage que pour lui.
Faut vraiment peu de choses finalement, quelquefois, pour déménager de vie.
Là, par exemple… Ce matin, quand je l’ai vu apparaître dans l’embrasure de ma porte de chambre, le plateau de mon ptit-dèj’ dans les mains. D’abord j’ai vu de loin qu’il avait mis un pot de Nutella et pas la confiture fraise-menthe que je préfère. Ça m’a énervé. Et puis j’ai vu le dernier numéro de Voici coincé au milieu de son sourire triomphal. Total assortis à son journal dans la gueule, il y avait ses yeux de chien excité qui ramène un beau bâton d’explosif.
Il était… comment dire ? Pfff…Ridicule.

Il a posé le plateau sur ma couette, m’a tendu ma rose du matin, tout énervé, je le sentais crever d’impatience de me montrer le dernier bobard médiatique pondu par son nouvel attaché de presse, un as des as, le même qui a organisé le rebirth de Christophe sur la sortie de Bevilaqua, pour te dire… Aaah oui, effectivement, cette fois, il avait même décroché une couv . En pleine une, sa tronche version romantique dépressif, lunettes noires de rigueur, barrée d’un titre éloquent : «Jean-Pierre François : tragique descente aux enfers». Et, je vous sers le meilleur, en sous-titre à peine moins gros : «Abandonné par Pola, il tente de mettre fin à ses jours».

Abandonné par Pola. C’est ça qui a fait tilt. Après tout, si tout le monde était déjà au courant, c’était le moment idéal !
J’étais encore toute retournée par cette révélation, ce merveilleux champ des possibles dont j’avais soudain trouvé la clef, quand je sentis sa main pleine de doigts fébriles s’aventurer sur mon indifférence et son souffle chaud près de mon oreille…
« - Fais tes bagages, ma reine, on part une semaine aux Maldives fêter notre réconciliation, et quand on revient, on annonce notre mariage ! Et si avec ça je décroche pas un Nulle Part Ailleurs… »
J’ai glissé du lit, anguille, le laissant seul avec Voici, qu’il comprenne enfin pour quoi il bande.
« - J’en veux pas de ton petit dèj, t’as oublié la confiture fraise-menthe.»
Et je me suis enfermée dans la salle de bains, peaufinant avec délices le scénario dans lequel je vais ce soir même lui annoncer que je me casse, basta, va chier.


Tout ça pour dire que non, bien sûr, j’ai pas vraiment oublié que je quitte Djipy ce soir, j’avais juste zappé le fait qu’il faut encore que je le lui annonce, et que si je veux prévoir une fin de soirée, va falloir abréger au max. J’ai bien fait d’en rester à l’idée du soir, moi. Un moment, dans l’euphorie, j’avais failli précipiter les choses…
Là, ça va être parfait. Il a passé la journée avec son team comm’ pour préparer la gestion des retours after-scoop et fêter le coup de promo, ils ont décidé qu’il ne devrait plus mettre le nez dehors avant l’annonce de la réconciliation, du coup quand ils sont tous partis, je lui ai proposé d’aller acheter ses Corones, au retour nos valises seront prêtes pour les Maldives, le taxi attendra, sauf que je monterai pas dans le taxi. Net, efficace, concentré.

Leçon N°1 : ne jamais quitter un mec le matin, ça risque de traîner hyper en longueur et de pourrir toute la journée.

Et sur ces saines pensées, je lance mon plus joli sourire à mon capilliculteur pyrotechnicien.
« - Eh bien, je crois que sur ce coup là, vous allez devoir m’inviter à boire un coup si vous voulez vous faire pardonner… »

• --- •

J'ai un problème d'audition depuis tout petit, mais là je suis quasiment convaincu qu'elle m'a proposé d'aller boire un verre. Merde, je suis scié, vitesse de cerveau mise en action :
0.010 s : invitation à boire un verre avec une fille
0.015 s : invitation qui m'est destinée
0.020 s : merde d'habitude c'est moi qui invite, là je suis comme un con
0.025 s : trouver un référant
0.150 s : Brel aurait dit oui avec un grand sourire franc
0.350 s : Al Pacino aurait dit à la pute d'aller se faire foutre
0.470 s : Camus aurait accepté sans dire un mot
0.580 s : Bukowski lui aurait dit "a condition de boire beaucoup et de baiser après"
0.690 s : qu'est-ce que moi je dis ?
0.890 s : toujours le même questionnement
1s : J'AI ENVIE D'UNE FEMME

"- Pardon ? T'as dit quoi là ?"
"- Euh j'ai rien dit, mais ok, allons boire un verre."


Le bar est minable, un bar pmu sans course, tous les étalons sont partis et seuls les mules et autres trop vieux canassons sont accoudés au comptoir. En même temps il est tard, faut pas s'attendre à mieux.
Ca sent mauvais, je croise les doigts pour que l'odeur provienne d'un élément du bar et non de moi-même. On ne se rend compte qu'on pue qu'en milieu fermé, une question d'entropie parait-il, en tous les cas avec mes jeans mille fois non lavés j'ai pu vérifier la théorie à maintes reprises.
Je commande un chocolat chaud, elle prend une bière. Soient deux possibilités : 1) c'est une poivrote 2) c'est une jeune qui veut se la donner cool 3) c'est un type de fille inconnu jusqu'à maintenant. Je croise les doigts pour la troisième solution.

Je me suis mis face à la rue, je guette, au cas où le Jean Pierre François se décide à passer, sam s'est gentiment allongé au pied de ma chaise, c'est un gentil chien quand même. Faudra que je pense à lui acheter un cadeau un jour. Elle me regarde avec des yeux ronds, ouverts, trop ouverts, elle a l'air fatiguée ou droguée je sais pas. Et merde je déteste les inconnus, surtout les femmes, je vais me retrouver avec une cassos que ça va pas faire un pli, je le sens déjà,seul échappatoire, faire le cassos aussi :

”- Tu sais je t'ai dit oui mais en fait j'ai pas une thune, je suis en galère en ce moment, je me suis fait jeter de mon foyer pour les cassos et je dors dans la rue. Bon attention c'est temporaire, je sens que je vais bientôt remonter la pente, mais là à part mon chien et un lit de camp qui m'attend sous le pont mirabeau j'ai pas un radis.
- mouais, c'est pas bien grave.

(je fais en sorte de trembler, je renifle un bon coup, racle la gorge et me gratte un peu partout, j'aurais dû être acteur, je le savais depuis toujours, je sais pas pourquoi j'ai choisi de n'être rien, peut-être la solution de facilité)
"- Mais qu'est-ce tu fous dans le coin toi, je t'ai jamais vu dans le biz par ici, tu revends ? tu tapines ? t'es pas trop moche pourtant, tu dois pouvoir te trouver un petit miné gavé de fric."
(bon ok, j'y vais un peu fort, le mec vulgaire, mais j'y mets de la compassion, y a toujours de la compassion à revendre chez ceux qui sont le plus à plaindre). En même temps elle a pris qu'un demi et je suis déjà à fond dans le cliché, si jamais c'te conne bosse dans une maison de disque je vais m'en mordre les doigts, quoi que l'artiste paumé et vulgaire sans son instrument ça marche aussi.

• ---- •

Vlam.
Tiens, une armoire normande…
Pour le coup, je suis pas tout à fait sûre d’avoir bien entendu… Ce type m’a prise pour une pute ou je rêve ? Non j’ai mal entendu : ce type m’a prise pour une pute camée. Je ne suis toujours pas sûre d’avoir bien entendu. Ce type m’a prise pour une pute camée ou je rêve ? Non, j’ai rien entendu : ce type m’a prise pour une pute camée dont le rêve ultime serait de dénicher un héritier de compagnie…

J’ai dû mal comprendre, c’est pas possible, je recommence…
Ce type m’a prise pour une pute ou je rêve ? Non, c’était pas ça non plus la question, je recommence : merde, j’ai l’air d’une pute ???

Ouf, ça va mieux en le disant comme ça. Bon, admettons. En soi, ça ne me gène pas vraiment. Ce dont j’ai l’air, après tout, je ne suis pas vraiment sûre d’en être toujours totalement maître, et pute, bah, pourquoi pas, c’est moins nul comme job que procureur de la République, par exemple. Et puis, ceux qui pourraient s’arrêter à cette façade ne m’intéressent pas.

Non, ce qui m’hallucine, c’est de m’être à ce point trompée sur ce mec. Parce que tu vois, les types qui te font remarquer que t’as l’air d’une pute ont en général un grave problème avec les putes. Et, par extention, un grave problème avec tout le monde… Prendre un métier pour une identité, une action pour un état ou une race pour une profession de foi, c’est pas seulement de la stupidité crasse, c’est aussi la façon la plus écœurante de se rassurer sur sa place dans le monde quand on a du mal à situer sa propre existence. …Comme si la solution pour trouver où t’habites était de mettre des noms sur les places de parking entre des barrières contre l’humanité !… D’ici à ce qu’il me demande si je suis alcoolique parce que j’ai pris une bière, y’a pas loin…

J’en reviens pas ! Je me suis trompée à ce point là ???
J’aurais mieux fait d’inviter seulement son chien, tiens, lui au moins il a une bonne gueule, tout franc, le regard entier, open, pas compliqué. Des locks ridicules, ok, mais bon…

J’aimerais bien réussir à expliquer cette espèce de découragement profond, et profondément triste en plus, qui me monte d’un seul coup, mais non, ça monte pas, ça plombe.

Je réponds pas, y’a rien à répondre. Le flash est passé, ce type a plombé ma soirée, j’ai plus qu’à boire ma bière vite fait et à me casser. En plus j’aime pas la bière, sauf quand je suis de très bonne humeur. Je caresse le clebs en soupirant, lui aussi a l’air affligé.
« Il s’apppelle comment ? »

J’ai pas demandé pour être polie, j’ai plus du tout envie d’être polie, et surtout pas de faire la conversation. C’est juste de la vraie curiosité, ce chien, il a, je sais pas, quelquechose…
« sam », répond mon ex-flash éteind.
« salut, sam », je fais, en gratouillant gentiment la tête du chien. Et sam me répond. Un aboiement bref, tout gentil, un petit coup de patte sur la main. Il est vraiment cool, vraiment…
« et toi, tu t’appelles comment ? me demande le type
- Po… euuh… hélène, je m’appelle hélène.”

D’habitude, je ne mens jamais. Mais là, je sais pas, j’avais plus du tout envie de lui dire mon prénom, alors c’est venu naturellement, juste un petit glissement d’identité, peut-être qu’en caressant Sam je pensais à Claude Sautet, ou à la Grèce, je sais plus, du coup…

Sam me regarde d’un air suspicieux. Malin en plus ce chien.
Quant à son maître, lui, il a l’air pétrifié. Y’a pas d’autre mot. Les yeux fixes équarquillés, un air… comme s’il avait avalé son chocolat de travers. Ben quoi, je mens si mal que ça ? J’ai dit un truc qu’il fallait pas ???
Ça dure une fraction de seconde de trop, c’est pas possible, c’est pas moi qu’il regarde. J’ai un pressentiment…

Bingo !
Derrière moi, sur le trottoir, y a Djipi, lunettes noires et imper au col remonté, qui frappe à la vitre, frappe du pied, frappe sur sa montre avec frénésie, écarte les bras pour mimer l’avion… Et évidemment, comme je ne bouge pas d’un poil, il entre dans le bistrot, genre discret comme il sait faire : en sautillant sur la pointe des pieds, moulinant des bras genre faites pas attention je ne fais que passer…
Décidément, on a toujours pas inventé mieux qu’un Djipi énervé pour flinguer toute tentative d’incognito.
Il s’approche de moi, chuchotte suffisemment fort pour que tout le bistrot entende : « Mais qu’est ce que tu fouuuus ??? ma puuuuce ??? Tout le monde t’attend, on va rater l’avion ! »

Ce type est désespérant.
Ce bistrot est désespérant.
Le monde est désespérant.

Et comme si c’était pas suffisant, j’entends très, très nettement, quelquepart dans la salle, le cliquetis caractérique d’un appareil photo.

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Y a t-il un journaliste dans la salle ?
Participations suspendues Réactions (9): VOIR/REAGIR

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