Aujourd'hui je me suis coupé les ongles de pieds. Cela faisait bien longtemps, et ils commençaient à rogner subrepticement le bout de mes chaussettes (de pieds car pour les mains on appelle ça des moufles).
Beau temps sinon, impressionnant pour la Bretagne. Je laisse Kiki t'écrire quelques bouts de phrases. Bises.
Ps: j'essaye d'arrêter de fumer et j'en profite par la même occasion pour limiter les calories superflues.
Cher Tonton,
j'ai été à la pêche avec papa, là. On a lancé les leurres accrochés en bout de canne pour attraper du bar et le ramener à Maman. Maman elle aime bien la cuisine, et le bar elle adore parce que ça coute cher donc elle dit que ça doit être bon. La sardine par contre c'est petit et ça sent mauvais. C'est sans doute pour ça que c'est pas cher. Mais par contre finalement on a rien péché parce que on est assez débutants mais c'est pas grave on ira en acheter à leclerc du poisson pour faire croire à maman qu'on en a attrapé un gros. (papa ça le fait rigoler ça comme blague...moi pas trop mais un peu quand même)
Sinon tante Yvonne et paulette et mes parents sont partis en balade, moi pendant ce temps là je joue du piano sauf qu'il fait un bruit un peu embetant. Je vais sans doute le ramener chez le réparateur. C'est vraiment débile cette histoire !! Heureusement que minette et bébé sont là. Elles ronronnes souvent et sont très gourmandes...
Voilà je vous dis à bientôt et je vous souhaite de bonnes vacances (j'espère!!)!
Je vous fais plein de bisous à toi et tata.
Le protocole autorise d'autres participants à raconter leurs activités ludiques vacancières sur ce sky-blog-carte-postale.
Aujourd'hui je me suis coupé les ongles de pieds. Cela faisait bien longtemps, et ils commençaient à rogner subrepticement le bout de mes chaussettes (de pieds car pour les mains on appelle ça des moufles).
Beau temps sinon, impressionnant pour la Bretagne. Je laisse Kiki t'écrire quelques bouts de phrases. Bises.
Ps: j'essaye d'arrêter de fumer et j'en profite par la même occasion pour limiter les calories superflues.
Cher Tonton,
j'ai été à la pêche avec papa, là. On a lancé les leurres accrochés en bout de canne pour attraper du bar et le ramener à Maman. Maman elle aime bien la cuisine, et le bar elle adore parce que ça coute cher donc elle dit que ça doit être bon. La sardine par contre c'est petit et ça sent mauvais. C'est sans doute pour ça que c'est pas cher. Mais par contre finalement on a rien péché parce que on est assez débutants mais c'est pas grave on ira en acheter à leclerc du poisson pour faire croire à maman qu'on en a attrapé un gros. (papa ça le fait rigoler ça comme blague...moi pas trop mais un peu quand même)
Sinon tante Yvonne et paulette et mes parents sont partis en balade, moi pendant ce temps là je joue du piano sauf qu'il fait un bruit un peu embetant. Je vais sans doute le ramener chez le réparateur. C'est vraiment débile cette histoire !! Heureusement que minette et bébé sont là. Elles ronronnes souvent et sont très gourmandes...
Voilà je vous dis à bientôt et je vous souhaite de bonnes vacances (j'espère!!)!
Je vous fais plein de bisous à toi et tata.
[Michel depuis palavas les flots]
Bonjour chérie,
On s'appelle trois fois par jour mais il n'empêche que j'avais besoin d'écrire aujourd'hui. Des choses que je ne peux pas te dire de vive voix. Je me dis qu'on a bien fait de faire un break tu sais, le temps passant, les sentiments dérivant, s'éloigner un peu nous à fait le plus grand bien. Ici au camping les tentations sont fortes, il y a beaucoup de petites suédoises mignonnes à croquer qui se baladent en string et je dois avouer que mon poste de réceptionniste a une fâcheuse tendance à les attirer. Je pense néanmoins très fort aux enfants. Dire leurs que papa les aime très fort.
Si je passe tout le mois d'aout sans déraper cela voudra vraiment dire que je t'aime. C'est un peu notre île de la tentation à nous, je sais que de ton côté cela fait longtemps que tu as mangé le fruit jusqu'au trognon et que Nicolas te fait oublier un peu plus chaque jour mon absence. Je souffre tous les jours en imaginant ses mains caresser ton cou, mais je sais que c'est pour ton bien alors je fais avec.
Voila, chérie, je crois que j'ai réalisé que je t'aimais mais pas je suis pas encore complétement sûr, donc je me laisse encore un peu le temps de la réflexion.
Aujourd'hui je me suis coupé les ongles de pieds. Cela faisait bien longtemps, et ils commençaient à rogner subrepticement le bout de mes chaussettes (de pieds car pour les mains on appelle ça des moufles).
Beau temps sinon, impressionnant pour la Bretagne. Je laisse Kiki t'écrire quelques bouts de phrases. Bises.
Ps: j'essaye d'arrêter de fumer et j'en profite par la même occasion pour limiter les calories superflues.
Cher Tonton,
j'ai été à la pêche avec papa, là. On a lancé les leurres accrochés en bout de canne pour attraper du bar et le ramener à Maman. Maman elle aime bien la cuisine, et le bar elle adore parce que ça coute cher donc elle dit que ça doit être bon. La sardine par contre c'est petit et ça sent mauvais. C'est sans doute pour ça que c'est pas cher. Mais par contre finalement on a rien péché parce que on est assez débutants mais c'est pas grave on ira en acheter à leclerc du poisson pour faire croire à maman qu'on en a attrapé un gros. (papa ça le fait rigoler ça comme blague...moi pas trop mais un peu quand même)
Sinon tante Yvonne et paulette et mes parents sont partis en balade, moi pendant ce temps là je joue du piano sauf qu'il fait un bruit un peu embetant. Je vais sans doute le ramener chez le réparateur. C'est vraiment débile cette histoire !! Heureusement que minette et bébé sont là. Elles ronronnes souvent et sont très gourmandes...
Voilà je vous dis à bientôt et je vous souhaite de bonnes vacances (j'espère!!)!
Je vous fais plein de bisous à toi et tata.
[Michel depuis palavas les flots]
Bonjour chérie,
On s'appelle trois fois par jour mais il n'empêche que j'avais besoin d'écrire aujourd'hui. Des choses que je ne peux pas te dire de vive voix. Je me dis qu'on a bien fait de faire un break tu sais, le temps passant, les sentiments dérivant, s'éloigner un peu nous à fait le plus grand bien. Ici au camping les tentations sont fortes, il y a beaucoup de petites suédoises mignonnes à croquer qui se baladent en string et je dois avouer que mon poste de réceptionniste a une fâcheuse tendance à les attirer. Je pense néanmoins très fort aux enfants. Dire leurs que papa les aime très fort.
Si je passe tout le mois d'aout sans déraper cela voudra vraiment dire que je t'aime. C'est un peu notre île de la tentation à nous, je sais que de ton côté cela fait longtemps que tu as mangé le fruit jusqu'au trognon et que Nicolas te fait oublier un peu plus chaque jour mon absence. Je souffre tous les jours en imaginant ses mains caresser ton cou, mais je sais que c'est pour ton bien alors je fais avec.
Voila, chérie, je crois que j'ai réalisé que je t'aimais mais pas je suis pas encore complétement sûr, donc je me laisse encore un peu le temps de la réflexion.
Je t'ambresse avec emprassement,
TON michel
Cher toi,
Ces vacances étaient pas une bonne idée, je me suis rarement autant fait chier, tristement chier, et j'ai pas du tout l'impression d'aller mieux malgré les séances quotidiennes avec Belart. La résidence, on dirait un mouroir de luxe, le même genre de parc bien propre, les bancs en haie d'honneur le long des allées de gravier blanc, les statues de plâtre verdies et le petit étang, tout ce qui, selon la brochure, "confére à la Villa des Roses la sérénité d'un confort discret…" je lis même pas la suite, ça me fait gerber… ça pue l'ennui et le médicament, y'a un côté super malsain dans l'acharnement hypocrite avec lequel tout est agencé pour persuader le résident que la vie est belle et douce, que tout va pour le mieux, dans le meilleur des monde.
Et dans le meilleur des mondes, ya pas de barges, ya pas de malades, ya que des résidents, des résidents et "une équipe entièrement dévouée à votre bien-être au quotidien", dégoulinante de sourires chaleureux, de paroles encourageantes, de gestes attentifs, d'esprit positif, d'adultitude calmement triomphante. Tout est normal, tout a une explication, tout peut se résoudre sereinement et sans conflit.
Si je ne dors pas, c'est parce que j'ai peur de la perte de contrôle qu'implique l'état de sommeil, c'est normal, ça s'explique facilement même. Dixit Belart, qui, entièrement dévoué à mon bien-être au quotidien, résoud sereinement et sans conflit ce petit désagrément et bien d'autres en m'approvisionnant en smarties diversement colorés. Des blancs ronds pour comater, des blancs longs pour voir la vie en rose, des roses carrés pour je sais plus quoi, des bleus pour baiser. Il ne dit pas baiser, il dit "réveiller votre libido", avec une dévotion toute particulière. Et selon lui, si ma libido a besoin d'être réveillée, c'est parce que j'ai peur de la perte de contrôle qu'implique l'état de jouissance. Tout est dans le contrôle. Pareil si je mange pas, c'est pour être sûre que je peux contrôler mon corps, ça me soulage d'être enfin seule responsable du mal que je me fais. Comme quoi, tu vois, tout est simple.
On fait des exercices de contrôle. Dans une cabine blanche très éclairée, je dois me mettre nue face à un miroir et parler à mon reflet, me dire à moi-même ce que je pense de moi, dans la lumière crue, pendant que Belart prend des notes derrière le rideau de la cabine. Je ne dis rien. Il me demande dans quelle position je suis, genre pour m'engager au monologue, assise je réponds, assise je suis, dos au miroir, et non je dis rien, j'ai rien à dire. Pourquoi je me retourne pas, qu'est ce qui va se passer si je me retourne ? Tu parles d'exercices à la con, tu parles de questions à la con, du parles de vacances à la con.
Bélart m'encourage à sortir pendant mon séjour, à rencontrer du monde "extérieur". Je pousse doucement jusque la plage du camping voisin, enfin… plage, c'est vite dit, c'est une petite crique de galets qui pue la mouette, les rochers, le vert d'algue, la mer chaude. Un gamin range sa canne et son seau pendant que le type qui l'accompagne lui explique que c'est pas grave, on passera à la poissonnerie du Leclerc, tu verras la tête à maman, on dira que c'est toi qui a tout pris, le gamin lâche pas son air tout merdeux mais le père se marre bêtement quand même, content de lui, si sa bonne femme est du genre à croire qu'on peut pêcher des soles tropicales à l'œil vitreux sur les côtes bretonnes, elle a bien mérité un crétin pareil… pauvre gosse…
Voilà, c'est ça le genre de trucs qui me met pas en appétit. Ça et les caravanes, les mobilomes, les antennes paraboliques sur les toits des mobilomes, les tables de ping pong, les barbecues, les sèche-serviettes, les slips de bain, le bloc sanitaire, les pagaies, les allées numérotées, les boules de pétanque en plastique fluo, les trottinettes, les tables pliantes, les sièges pliants, les transats, les glacières, les réchauds à gaz, les zodiacs retournés, les bouées, les affiches du programme des animations de la semaine, le camion qui vend des lots de magazines périmés, les scooters qui buzzent autour de gamines excitées, le type dans la cahute à l'entrée qui matte avec insistance tous les culs qui passent, et du monde qui s'emmerde, qui s'emmerde, tout ça exhibé, débordant, ça, ça me met pas en appétit.
Je sais, c'était une mauvaise idée de remonter par le camping. Le type de la cahute me gratifie d'un large sourire, l'œil scotché sur mes fesses, le doigt pointé vers son badge où une pauvre mouette vole entre les lettres du mot "réceptionniste" sur fond de soleil couchant … "si vous avez besoin d'aide…". Il gueule un peu fort, pour couvrir radio nostalgie. Tu parles que j'ai besoin d'aide, surtout venant de toi… Je réponds pas, je me barre, retour à la case Villa des Roses.
Belart me dit que j'aurais peut-être du commencer par un extérieur "plus en rapport avec ma sensibilité", le port fourmillant de vie par exemple, ou les petits commerces du village, il récite le port fourmillant de vie comme un dépliant touristique, et puis revient sur l'histoire du camping, qu'est ce que j'ai pensé, pourquoi je me suis tirée devant le réceptionniste, ben à ton avis mon couillon, c'est le genre de bite ambulante face à laquelle t'aimerais perdre contrôle, toi ? Il se marre, me dit que c'est encourageant, tout de même, je progresse, me propose de m'accompagner dehors un de ces quatre, quand je veux, il peut me montrer des endroits très sympas, puis revient encore sur ma libido, à laquelle il est décidément très dévoué, et les bleues, est-ce qu'elles commencent à faire un peu effet quand même, est-ce que j'ai des envies ? Je hausse les épaules, il me demande à quand remontent mes dernières relations sexuelles satisfaisantes, et là je me marre.
C'est l'expression "relations sexuelles satisfaisantes". C'est parce qu'à ce moment là j'ai eu un flash , et le mot "satisfaisantes" a pris une ampleur démesurée, tout est venu en vrac, toi, l'image de la chambre en désordre, le goût du mauvais whisky, celui de ta peau, les lumières des bougies dans la baignoire, celles dans ma tête, toi, et la tête du loueur de bateaux quand on était revenus, encore scotchés, et comment on se scotche, toi, et les brûlures de la moquette de la salle de répète, tout en vrac… ça m'a fait un tel coup de chaud que j'ai pas pu faire autrement que me marrer.
C'est pour ça que je t'écris aussi. Le contrôle, les explications simplistes à la Belart, c'est de la foutaise. Je mange pas beaucoup parce que rien ne me met en appétit, les choses changent de couleur quand t'es pas là, de tout ce que je vois, ya rien qui donne faim. Je dors pas non plus parce que j'aime plus dormir quand t'es pas à côté de moi, c'est du temps perdu. Je sais exactement comment résoudre tout ça sereinement et sans conflit.
Et quant à ma libido, vu la quantité de smarties bleus que j'avale, t'as intérêt à arriver vite fait, je tiens plus et ici, je connais que des réceptionnistes, c'est pas viable.
Magne toi, j'ai faim.
pola.
PS : ah oui, les roses carrés, c'est pour stimuler la mémoire.
Aujourd'hui je me suis coupé les ongles de pieds. Cela faisait bien longtemps, et ils commençaient à rogner subrepticement le bout de mes chaussettes (de pieds car pour les mains on appelle ça des moufles).
Beau temps sinon, impressionnant pour la Bretagne. Je laisse Kiki t'écrire quelques bouts de phrases. Bises.
Ps: j'essaye d'arrêter de fumer et j'en profite par la même occasion pour limiter les calories superflues.
Cher Tonton,
j'ai été à la pêche avec papa, là. On a lancé les leurres accrochés en bout de canne pour attraper du bar et le ramener à Maman. Maman elle aime bien la cuisine, et le bar elle adore parce que ça coute cher donc elle dit que ça doit être bon. La sardine par contre c'est petit et ça sent mauvais. C'est sans doute pour ça que c'est pas cher. Mais par contre finalement on a rien péché parce que on est assez débutants mais c'est pas grave on ira en acheter à leclerc du poisson pour faire croire à maman qu'on en a attrapé un gros. (papa ça le fait rigoler ça comme blague...moi pas trop mais un peu quand même)
Sinon tante Yvonne et paulette et mes parents sont partis en balade, moi pendant ce temps là je joue du piano sauf qu'il fait un bruit un peu embetant. Je vais sans doute le ramener chez le réparateur. C'est vraiment débile cette histoire !! Heureusement que minette et bébé sont là. Elles ronronnes souvent et sont très gourmandes...
Voilà je vous dis à bientôt et je vous souhaite de bonnes vacances (j'espère!!)!
Je vous fais plein de bisous à toi et tata.
[Michel depuis palavas les flots]
Bonjour chérie,
On s'appelle trois fois par jour mais il n'empêche que j'avais besoin d'écrire aujourd'hui. Des choses que je ne peux pas te dire de vive voix. Je me dis qu'on a bien fait de faire un break tu sais, le temps passant, les sentiments dérivant, s'éloigner un peu nous à fait le plus grand bien. Ici au camping les tentations sont fortes, il y a beaucoup de petites suédoises mignonnes à croquer qui se baladent en string et je dois avouer que mon poste de réceptionniste a une fâcheuse tendance à les attirer. Je pense néanmoins très fort aux enfants. Dire leurs que papa les aime très fort.
Si je passe tout le mois d'aout sans déraper cela voudra vraiment dire que je t'aime. C'est un peu notre île de la tentation à nous, je sais que de ton côté cela fait longtemps que tu as mangé le fruit jusqu'au trognon et que Nicolas te fait oublier un peu plus chaque jour mon absence. Je souffre tous les jours en imaginant ses mains caresser ton cou, mais je sais que c'est pour ton bien alors je fais avec.
Voila, chérie, je crois que j'ai réalisé que je t'aimais mais pas je suis pas encore complétement sûr, donc je me laisse encore un peu le temps de la réflexion.
Je t'ambresse avec emprassement,
TON michel
Cher toi,
Ces vacances étaient pas une bonne idée, je me suis rarement autant fait chier, tristement chier, et j'ai pas du tout l'impression d'aller mieux malgré les séances quotidiennes avec Belart. La résidence, on dirait un mouroir de luxe, le même genre de parc bien propre, les bancs en haie d'honneur le long des allées de gravier blanc, les statues de plâtre verdies et le petit étang, tout ce qui, selon la brochure, "confére à la Villa des Roses la sérénité d'un confort discret…" je lis même pas la suite, ça me fait gerber… ça pue l'ennui et le médicament, y'a un côté super malsain dans l'acharnement hypocrite avec lequel tout est agencé pour persuader le résident que la vie est belle et douce, que tout va pour le mieux, dans le meilleur des monde.
Et dans le meilleur des mondes, ya pas de barges, ya pas de malades, ya que des résidents, des résidents et "une équipe entièrement dévouée à votre bien-être au quotidien", dégoulinante de sourires chaleureux, de paroles encourageantes, de gestes attentifs, d'esprit positif, d'adultitude calmement triomphante. Tout est normal, tout a une explication, tout peut se résoudre sereinement et sans conflit.
Si je ne dors pas, c'est parce que j'ai peur de la perte de contrôle qu'implique l'état de sommeil, c'est normal, ça s'explique facilement même. Dixit Belart, qui, entièrement dévoué à mon bien-être au quotidien, résoud sereinement et sans conflit ce petit désagrément et bien d'autres en m'approvisionnant en smarties diversement colorés. Des blancs ronds pour comater, des blancs longs pour voir la vie en rose, des roses carrés pour je sais plus quoi, des bleus pour baiser. Il ne dit pas baiser, il dit "réveiller votre libido", avec une dévotion toute particulière. Et selon lui, si ma libido a besoin d'être réveillée, c'est parce que j'ai peur de la perte de contrôle qu'implique l'état de jouissance. Tout est dans le contrôle. Pareil si je mange pas, c'est pour être sûre que je peux contrôler mon corps, ça me soulage d'être enfin seule responsable du mal que je me fais. Comme quoi, tu vois, tout est simple.
On fait des exercices de contrôle. Dans une cabine blanche très éclairée, je dois me mettre nue face à un miroir et parler à mon reflet, me dire à moi-même ce que je pense de moi, dans la lumière crue, pendant que Belart prend des notes derrière le rideau de la cabine. Je ne dis rien. Il me demande dans quelle position je suis, genre pour m'engager au monologue, assise je réponds, assise je suis, dos au miroir, et non je dis rien, j'ai rien à dire. Pourquoi je me retourne pas, qu'est ce qui va se passer si je me retourne ? Tu parles d'exercices à la con, tu parles de questions à la con, du parles de vacances à la con.
Bélart m'encourage à sortir pendant mon séjour, à rencontrer du monde "extérieur". Je pousse doucement jusque la plage du camping voisin, enfin… plage, c'est vite dit, c'est une petite crique de galets qui pue la mouette, les rochers, le vert d'algue, la mer chaude. Un gamin range sa canne et son seau pendant que le type qui l'accompagne lui explique que c'est pas grave, on passera à la poissonnerie du Leclerc, tu verras la tête à maman, on dira que c'est toi qui a tout pris, le gamin lâche pas son air tout merdeux mais le père se marre bêtement quand même, content de lui, si sa bonne femme est du genre à croire qu'on peut pêcher des soles tropicales à l'œil vitreux sur les côtes bretonnes, elle a bien mérité un crétin pareil… pauvre gosse…
Voilà, c'est ça le genre de trucs qui me met pas en appétit. Ça et les caravanes, les mobilomes, les antennes paraboliques sur les toits des mobilomes, les tables de ping pong, les barbecues, les sèche-serviettes, les slips de bain, le bloc sanitaire, les pagaies, les allées numérotées, les boules de pétanque en plastique fluo, les trottinettes, les tables pliantes, les sièges pliants, les transats, les glacières, les réchauds à gaz, les zodiacs retournés, les bouées, les affiches du programme des animations de la semaine, le camion qui vend des lots de magazines périmés, les scooters qui buzzent autour de gamines excitées, le type dans la cahute à l'entrée qui matte avec insistance tous les culs qui passent, et du monde qui s'emmerde, qui s'emmerde, tout ça exhibé, débordant, ça, ça me met pas en appétit.
Je sais, c'était une mauvaise idée de remonter par le camping. Le type de la cahute me gratifie d'un large sourire, l'œil scotché sur mes fesses, le doigt pointé vers son badge où une pauvre mouette vole entre les lettres du mot "réceptionniste" sur fond de soleil couchant … "si vous avez besoin d'aide…". Il gueule un peu fort, pour couvrir radio nostalgie. Tu parles que j'ai besoin d'aide, surtout venant de toi… Je réponds pas, je me barre, retour à la case Villa des Roses.
Belart me dit que j'aurais peut-être du commencer par un extérieur "plus en rapport avec ma sensibilité", le port fourmillant de vie par exemple, ou les petits commerces du village, il récite le port fourmillant de vie comme un dépliant touristique, et puis revient sur l'histoire du camping, qu'est ce que j'ai pensé, pourquoi je me suis tirée devant le réceptionniste, ben à ton avis mon couillon, c'est le genre de bite ambulante face à laquelle t'aimerais perdre contrôle, toi ? Il se marre, me dit que c'est encourageant, tout de même, je progresse, me propose de m'accompagner dehors un de ces quatre, quand je veux, il peut me montrer des endroits très sympas, puis revient encore sur ma libido, à laquelle il est décidément très dévoué, et les bleues, est-ce qu'elles commencent à faire un peu effet quand même, est-ce que j'ai des envies ? Je hausse les épaules, il me demande à quand remontent mes dernières relations sexuelles satisfaisantes, et là je me marre.
C'est l'expression "relations sexuelles satisfaisantes". C'est parce qu'à ce moment là j'ai eu un flash , et le mot "satisfaisantes" a pris une ampleur démesurée, tout est venu en vrac, toi, l'image de la chambre en désordre, le goût du mauvais whisky, celui de ta peau, les lumières des bougies dans la baignoire, celles dans ma tête, toi, et la tête du loueur de bateaux quand on était revenus, encore scotchés, et comment on se scotche, toi, et les brûlures de la moquette de la salle de répète, tout en vrac… ça m'a fait un tel coup de chaud que j'ai pas pu faire autrement que me marrer.
C'est pour ça que je t'écris aussi. Le contrôle, les explications simplistes à la Belart, c'est de la foutaise. Je mange pas beaucoup parce que rien ne me met en appétit, les choses changent de couleur quand t'es pas là, de tout ce que je vois, ya rien qui donne faim. Je dors pas non plus parce que j'aime plus dormir quand t'es pas à côté de moi, c'est du temps perdu. Je sais exactement comment résoudre tout ça sereinement et sans conflit.
Et quant à ma libido, vu la quantité de smarties bleus que j'avale, t'as intérêt à arriver vite fait, je tiens plus et ici, je connais que des réceptionnistes, c'est pas viable.
Magne toi, j'ai faim.
pola.
PS : ah oui, les roses carrés, c'est pour stimuler la mémoire.
Ma chère Laura,
Comme le temps s'égraine lentement ici. C'est un refuge à beaufs. Je crois que le camping, ça les attire. Jamais je n'aurais du accepter l'invitation de ce con de Bertrand. La prochaine fois, pour leur virée "ressouder les liens en entreprise" je prétexterai une méningite aigue fulgurante et extrêmement contagieuse... Pour le coup, ce sont eux qui vont me contaminer avec leurs saines valeurs de vie au grand air (pollué par l'odeur de saucisses frites), de beignets chichi sur la plage pleine de mégots, parfumée à l'huile solaire...
Comme le temps s'égraine lentement... Tu sais, Bertrand (encore lui, si tu le voyais en short moulant et en tong de maitre nageur) nous a préparé des sardines à l'huile. J'ai cru que j'allais gerber.
Ce soir, on va au Macumba. Ne t'en fais pas, toutes les Loana de la Terre ne peuvent provoquer chez moi le moindre désir, encore moins sexuel. Et de toute façon, je ne risque pas d'être leur genre. Si l'une d'elles s'approche de moi, je lui fait une dissertation sur l'approche cognitiviste des troubles anxieux chez l'enfant.
Je suis médisant... OK
Prends soin de toi et pense à nous mettre sur liste rouge pour que ma mère nous oublie.